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7 mai 2015 Négations Non, je ne vais pas vous parler des « heures les plus
sombres de notre histoire » même si nous sommes à la veille des
commémorations du 8 mai 1945. Je vais vous parler – brièvement, en vacances, entre deux « ponts »
– de logement social. En l’espace de quelques jours j’ai en effet été souvent
sollicité pour l’attribution d’un logement social. C’était bien la peine de prendre
des vacances… .Mauvaise idée,
je l’ai expliqué en détail il y a déjà deux ans sur cette page dite « Demande » :
http://www.codani.info/Demande.html
Prémonition, sans doute. Car immanquablement, quand je me dois d’expliquer qu’il n’y
a aucun autre pouvoir que la commission d’attribution après avoir rempli le
formulaire de demande, je reçois ensuite, indirectement, un certain nombre de
commentaires, souvent peu aimables. J’assume habituellement en silence. Quand on est cadre d’un
Office Public de l’Habitat c’est quasiment prévu au départ. Mais depuis un
mois, c’est un déferlement, assez inhabituel au demeurant puisque nous ne sommes
même plus en période électorale active. Mark TWAIN disait en souriant : « La vérité a la vie dure, mais un mensonge bien colporté est
immortel » ; Alors je crois utile de réaffirmer trois fortes négations, par souci de
clarté : 1/ Non, le personnel
de l’Office ou je travaille ne bénéficie d’aucun privilège particulier 2/ Non, ma Présidente
ne réserve aucun logement aux membres de son parti politique. 3/ Non, l’Office où
je travaille ne peut attribuer aucun logement à des étrangers clandestins. 1/ Non, le
personnel de l’Office ou je travaille ne bénéficie d’aucun privilège
particulier « Croyez bien que
je regrette » au sens où AUDIARD le faisait dire dans « Les barbouzes » il y a plus
de cinquante ans… mais le petit personnel des offices publics de l’habitat n’a
aucun pouvoir pour influencer les attributions de logements sociaux. D’abord à
titre personnel. J’ai une assistante (40
ans d’ancienneté dans la maison) qui a dû acheter un logement pour ne pas se
retrouver à la rue en raison des délais d’attente, donc je parle d’expérience
et j’ai le dossier sous le coude pour mémoire. La nature humaine étant ce qu’elle est, et n’étant pas naïf (passé
cinquante ans, l’expérience aidant, cela devient impossible) je crois
volontiers qu’il a pu exister, qu’il existe, et qu’il existera toujours des
petits malins qui arriveront, par un usage onctueux de leur langue, une
souplesse dorsale proche d’un invertébré, et un maniement de la brosse à
reluire à la limite de la déchirure musculaire, à obtenir en catimini tel ou tel
privilège particulier. Mais courtisan c’est un métier. Un très dur métier. Tout
le monde ne peut y prétendre, et nous sommes une large majorité à ne même pas y
penser. Ce n’est pas une règle, ce n’est pas un « avantage social »
ou un « droit ». C’est là-dessus que je tiens à être clair. Pour un
ou une qui remplacerait le paillasson pour obtenir le moindre avantage, il y en
a neuf qui font leur travail sans n’en tirer rien de plus que le salaire de
base prévu à leur contrat. 2/ Non, ma
Présidente ne réserve aucun logement aux membres de son parti politique. Second commentaire et grand mythe solidement répandu dans la
culture populaire, il parait qu’avoir la carte du bon parti politique (local)
donnerait la clef d’un logement social en accéléré. Pratiquement tous ceux qui m’ont énoncé ce principe ont
toujours omis de me signaler de quel cas ils parlaient. En fait, je n’ai même
jamais entendu ce principe que comme une généralité et jamais il n’a été
possible d’avoir un nom ou même simplement un immeuble où cela se serait
produit. Ce commentaire-là est presque exclusivement d’origine
externe. Il émane de gens qui ignorent quasiment tout du mode de fonctionnement
d’un OPH, et qui prêtent donc des pouvoirs quasiment magiques au président ou à
la présidente. Bien entendu, le président ou la présidente d’un OPH est
quasi systématiquement choisi dans les décideurs politiques de la majorité
locale, celle de la collectivité territoriale de rattachement. Comment
pourrait-il en être autrement ? Ou surtout, pourquoi en serait-il
autrement ? C’est parfaitement logique pour de nombreuses raisons ayant
trait au fonctionnement courant d’un tel organisme, qui implique des appuis et
des soutiens avec une cohérence politique locale. En revanche, le mécanisme des attributions et surtout celui
de la présentation des dossiers, c’est le même pour tous. Et tout ce monde se retrouve devant la même
commission d’attribution, qui décidera, en réalité. Ce n’est pas dans la main d’une
seule personne. Bien entendu cette commission est présidée, bien entendu la
voix de la présidence sera écoutée attentivement par les autres membres de la
commission. Mais il n’a jamais été prévu que des logements soient attribués à
des gens en fonction de leur appartenance politique, réelle ou supposée. A l’inverse
je n’ai pas connaissance de gens à qui des logements aient été refusés en
raison de leur couleur politique. Vu la virulence très politique de certains
locataires « opposants » au moment des élections (et parfois à ce seul moment-là…) c’est même pour moi une
certitude. Même si je n’ai jamais pu obtenir un exemple probant dans ces conversations et commentaires, je n’exclurai s pas le cas d’un ami ou militant politique notoire qui passerait en commission avec l’appui de tel ou tel membre de ladite commission qui auraient les mêmes idées. Pourquoi pas ? Statistiquement, sur plus de 20.000 logements, il peut bien y en avoir. Mais les seuls exemples réels que j’ai, concernant des agents ayant ouvertement fait état de leurs appartenances politiques sur les 10 dernières années vont très exactement en sens contraire. J’en prends simplement deux : Le premier était logé dans un groupe d’immeubles sans aucun « privilège »
particulier. Bien qu’ayant l’avantage de faire la bise aux plus hautes
autorités avec la belle carte du beau parti politique il n’a pas eu plus de
chance que ça dans ses demandes de changement de logement, et finalement il a
déménagé… chez un bailleur privé. Et deux fois encore (heureusement avec
bonheur). Le second avait non seulement la belle carte du beau parti
politique, mais par précaution (abondance de biens ne saurait nuire) il avait
aussi… celles des partis d’opposition. Un certain nombre, d’ailleurs. On aurait
pu croire que c’était habile, et on l’a cru un temps, avant que la personne ne
commette tant de fautes qu’il ne faille la licencier. Sans attribution du
moindre logement. J’arrête là. Si quelqu’un a autre chose que des bruits de
couloirs, qu’il le prouve. En attendant, le fabuleux destin des militants politiques
dans le logement social, je n’y crois pas. 3/ Non, l’Office
où je travaille ne peut attribuer aucun logement à des étrangers clandestins. Encore un mythe totalement externe, et qui ressort
régulièrement au moment des élections. Un mythe qui devrait logiquement buter sur le remplissage de
la demande de logement. C’est expliqué là : http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F869.xhtml
L’administration n’instruit que deux types de dossiers . Vous devez être :
Pas de titre de
séjour valable à l’appui de votre demande = pas de logement social. Les pseudo-associations qui prétendent aider les étrangers
(en situation irrégulière) le savent parfaitement, ce qui ne les empêche pas de
ponctionner ces malheureux pour les enfoncer un peu plus dans la précarité en leur expliquant ensuite comment squatter
un logement social… En fait, systématiquement, les étrangers en situation
irrégulière dans des logements sociaux sont des occupants sans droit ni titre.
En outre, quand ils sont identifiés (car il y a des fonctionnaires et des
contractuels chargés de les identifier et de les expulser avec la Police ou la
Gendarmerie) ils ne pourront plus obtenir de logement social chez le bailleur
social qu’ils ont squatté. La lutte contre le
squat concerne bien sûr les squatteurs français, mais aussi et beaucoup les
squatteurs étrangers en situation irrégulière. C’est-à-dire des braves gens à
qui personne n’avait demandé de venir, et encore moins de rester en cassant la
porte ou la fenêtre d’un logement social. Squatter, c’est priver un français - ou
un étranger en situation régulière - de son droit à un logement. Nous n’avons
déjà pas assez de logements sociaux pour tous ceux qui y ont droit, n’oublions
pas que c’est aussi aux squatteurs qu’une part de cette pénurie incombe. On l’oublie
volontiers trop souvent. Je reconnais là encore qu’il doit exister des gens qui « vendent des clefs » tout comme il existe des « marchands de sommeil » et des « vendeurs de papiers », mais tout cela relève du droit pénal. Ces gens quand ils existent chez nous, quand on les trouve, on doit les emmener au Tribunal sans faiblir. Car ils exploitent la misère humaine, et plus odieux encore, ils exploitent l’espoir en détruisant des vies. Ce sont des criminels. Il y aura certainement un temps pour y revenir
ultérieurement car c’est un vrai combat qui est mené et à mener, à l’intérieur
même de nos murs, dans nos immeubles, dans nos cités, dans notre pays. Dans l’immédiat et
pour conclure, je reprendrai les trois négations qui me sont venues en
ce début du mois de mai : 1/ Non, le personnel
de l’Office ou je travaille ne bénéficie d’aucun privilège particulier 2/ Non, ma Présidente
ne réserve aucun logement aux membres de son parti politique. 3/ Non, l’Office où
je travaille ne peut attribuer aucun logement à des étrangers clandestins. Et si vous aviez des
éléments précis me prouvant que je serais en tort sur une de ces négations,
je vous en prie, ne vous privez pas, ce ne sont pas les points de contact qui
manquent pour que nous puissions nous écrire ou nous rencontrer. Je ne prends pas un bien grand risque en vous y invitant, car
sur les dix dernières années je n’ai
jamais eu face à moi la moindre contradiction prouvée sur un de ces points. En revanche par derrière, les insultes, les invectives, les
persiflages, les sous-entendus, les calomnies… Je ne les compte plus. Et ce
mois-ci, j’en ai dépassé la dose prescrite. C’est le printemps, l’été va finir par arriver dans les
cités. Passez un bon mois de mai. Ecrivez, si vous avez quelque chose à dire… Didier CODANI N.B.: Ce billet est aussi publié sur MEDIAPART à cette adresse: http://blogs.mediapart.fr/blog/d-codani/080515/negations La version imprimable de ce document est sur MEDIAPART: Copyright (c) 2005 - 2015 Didier Codani. Tous droits réservés. |