|
|
||
Esprit + Pascal 14 mars 2015 - 15 mai 2015 1er épisode mis en ligne à Nice (06000) le 14 mars 2015; 2e épisode mis en ligne ce 15 mai 2015 à Nice (06000). Cet article fait suite à l'article Esprit publié ici il y a deux mois et qui reste en ligne sur la page www.codani.info/Esprit.html du site. Il résulte pour cette seconde partie de vos réflexions et de vos réactions. Au lieu d'en faire une "soupe" de X messages dans un forum que nul ne lit plus, j'ai préféré vous redonner cette parole indirectement dans un nouveau récit. Certains ou certaines d'entre vous vont s'y retrouver plus que d'autres. C'est inévitable. De même, pour préserver l'identité de ceux ou celles qui ont des emplois un peu trop faciles à identifier j'ai modifié quelques éléments qui (sans altérer le fond de votre pensée) rendent plus difficile l'identification. C'est moins aimable aussi, parce que certains étaient plus proches du cri d'alarme que de la philosophie de boudoir. Le style s'en ressent, car c'est parfois le votre. Vous le vouliez ainsi, vous l'avez ainsi. Pascal La suite de l’article Esprit
du mois dernier, enrichi par vos contributions directes et indirectes ainsi que
différents autres articles parus au son des cloches de Pâques avec l’arrivée du
printemps et maintenant sous les « ponts » du mois de mai. En bonne logique, d’abord merci. Merci à tous. J’y reviendrai au final avec les références. Mais maintenant stop. Il faut rédiger. Passons sur l’ouvrage tout récent (« Qui est
Charlie ? » 7 mai 2015) d’Emmanuel TODD qui prouve qu’en 3 mois on
peut écrire 254 pages de sociologie quand on a le temps, « l’esprit »
et l’éditeur. Chaque jour apporte un élément de plus, j’en suis bien
conscient, et sans limites cela ne serait plus un article mais une nouvelle, ou
plutôt un essai. Pour le roman je manque d’imagination, même si certains
peinent à croire certains points – pourtant vécus – dans mes écrits. Je signale à cet
égard trois articles, parus sur Internet comme dans des éditions papier,
qui confirment ce qui était écrit en février/mars dernier, avec bien plus de
talent et de compétence que moi pour la partie militaire, du plan
« Sentinelle ». Je pense à un article du colonel (ER) Michel GOYA le 27 mars
2015 intitulé « les sentinelles
sont de retour » où il confirme brillamment les difficultés
d’entraînement et de posture auxquelles sont confrontées les unités impactées
par ce plan. Il fait suite à un article du 24 mars de Monsieur Sylvain
FORT « Budget des armées ;
contre la culture du thermostat » dans lequel il énonçait fort
clairement « Les armées ne sont pas
un thermostat qu’on actionne selon qu’il fait froid (temps de paix) ou chaud
(temps de guerre). » avec un triste constat « La France est seule » et « Nous ne pouvons compter que sur nos propres forces ». Une conclusion à retenir, même si la formule est lapidaire :
« Traiter cette question avec les
lunettes d’un comptable en CDD n’est plus acceptable ». Je vous
renvoie à la lecture complète de l’article pour les détails, mais je crains que
nous n’ayons dans bien des administrations pléthore de comptables en CDD qui se
prennent pour des stratèges de haut vol. Autre article intéressant, repris sur plusieurs sites
notamment celui de l’ASAF et celui de MAGISTRO, « VIGIPIRATE :
questionnement légitime sur le rôle des armées ? » Signé du
Général d’armée (2S) Jean-Marie FAUGERE, ancien inspecteur général des armées
françaises, en date du 26 mars 2015, où il confirme quelques prises de position
sur l’agression de militaires à Nice. Des évidences pour des militaires, peut-être. Il était temps
qu’elles ressortent un peu car elles n’ont rien de secret. La montée en
puissance de l’opération « Sentinelle » pose bien les problèmes notés
début mars. Trois hommes, au demeurant morts et enterrés, qui
« figent » sur le territoire national près de 10.000 militaires
français, au détriment de leurs missions les plus normales et naturelles, de
leur entraînement opérationnel nécessaire, et des possibilités de financement
de la France. Le tout pour de grandes missions qui relèvent souvent plus de la
sécurité privée de lieux confessionnels que de l’action militaire. C’est un
choix stratégique. D’accord. Est-ce le meilleur ? Quand un Général d’armée, fut-il en deuxième section du
cadre des officiers généraux pose un point d’interrogation pareil, il est
permis sinon d’en douter, du moins d’y réfléchir. La place me manque ici pour le faire, et je ne voudrai pas
vous priver de l’accès aux sites de l’ASAF ou de MAGISTRO comme aux blogs
« La voie de l’épée » ou « CONOPS » qui détaillent cette
réflexion avec bien plus de compétences que les miennes sur ce sujet. Sans oublier, le 31 mars 2105 dans la presse quotidienne
(Nice-Matin) que « Les policiers se
disent stressés et épuisés », selon une étude menée avant le 11
janvier 2011. Il est permis de douter qu’avec l’augmentation des contraintes de
service le seul « esprit » du 11 janvier ait gommé cette tendance
tant elle est décrite comme forte et prégnante. Ceci même si lors des entretiens sur le terrain lors
d’interventions avec les policiers ils se disent tout de même
« soulagés » du transfert qui a été permis sur les militaires du
« gardiennage de lieux confessionnels ». Le célébrissime « Plan S. du vendredi » avec
pot de fleur garanti pour gardiens de la paix méritants. Pardon de parler par
énigme, mais les intéressés comprennent. Ils en avaient un peu ras-le-bol, et eux aussi considèrent
qu’un dispositif « voisins (très)
vigilants » serait peut-être mieux adapté. Reste le risque d’avoir de
quasi milices confessionnelles constituées sous couvert de sécurité privée.
Le débat est ouvert. De facto (puis en
conseil de défense), de nouveaux équilibres se mettent en place. La Police s’est empressée de considérer – et de faire acter
le plus souvent possible – que la protection des lieux de culte ou du culte
relève maintenant des militaires. « Nous
avons les militaires pour ça » est un nouvel axiome de la Place
Beauvau. Le « pot de pus » qui consomme les effectifs en « pots
de fleur » tout le monde est bien content de l’offrir aux militaires.
Quant aux militaires ils sont contents de l’avoir, et d’enrayer ainsi des
réductions d’effectifs et de moyens. En outre cela donne l’impression de partager la mission tout
en redonnant une dynamique d’emploi. Quant aux réserves dont on a tant parlé, elle ne se mettent
que lentement en place, mais avec une orientation à prendre cette relève et
« monter des vigipirates »
qui est d’ores et déjà amorcée. « Vigipirate » c’est l’ancienne
version de « Sentinelle ». Il faut le temps de changer les éléments
de langage chez les soldats, mais la répartition des rôles se dessine nettement
avec une réserve destinée à gardienner en métropole, et une active plus
destinée aux projections extérieures. Ce n’est jamais que le retour de vieux réflexes comme on les
connaissait dans les années 1980 avec une « territoriale » équipée
« au mieux », un corps blindé mécanisé enlisé face à l’Est, et une
« Force d’Action Rapide » légère, équipée et réactive. « Vite, Fort, et Loin »
disait-on à l’époque. Partir vite et loin ça a toujours intéressé nos militaires
professionnels. Fort, ça a toujours supposé des moyens matériels que le
ministère des finances (pour ne citer que lui) s’est toujours employé à réduire
au maximum. Le résultat se nomma Daguet en 1991, avec une force qu’il a
fallu équiper réellement pour une guerre réelle. Guerre réelle de haute
intensité qui devait pourtant se produire en Europe centrale… Où elle n’a
jamais eu lieu en dépit des pronostics. Ensuite, on devait toucher les « dividendes de la
paix » mais à la place, on a multiplié les OPEX. « Dividendes » :
Rien qu’au mot, on aurait du comprendre que ça avait été inventé par un
financier. C’est tout de même agaçant cette habitude que la réalité
militaire a prise de contrarier les prédictions lénifiantes des contrôleurs
financiers…Même le terrorisme n’est plus bon marché. Et quand on voit nos soldats avec un trou au fond des
pantalons on se sent un peu obligés de payer. Le minimum, bien entendu. Pas de quoi aller à la douche ou
aux toilettes quand on a le bonheur de servir au soleil de Bangui, dans un pays
touché par les maladies autant que par les combats de rue. Nos policiers, nos
gendarmes, nos militaires, sont des héros. Qu’ils se fassent tuer fait partie des risques de leurs
métiers. Risques que l’on multiplie en sous-dimensionnant leurs
effectifs et en rationnant leurs moyens le plus régulièrement du monde. Et pour
ça aucun fonctionnaire ne sera mis en examen. Pas encore. Le 11 janvier a une fois de plus prouvé que dans un grand
souci d’égalité, outre une armée à deux vitesses nous avions aussi une police à
deux vitesses (voire plus, disent les policiers municipaux). Face à des armes longues automatiques, les armes de poing
des policiers de base sont surclassées. Croyez-vous que cela ait ému la classe politique une fois
les manifestations de rue terminées ? Un peu. Sans doute. Ils ont eu peur. Mais pas au point d’accorder le droit de tirer aux policiers
nationaux. Projet de loi rejeté. Pas au point non plus d’accorder un armement plus conséquent
aux policiers municipaux. Tout juste aurons-nous appris que des milliers de revolvers
Manurhin MR73 en 357 magnum avaient été ( (in)utilement ? ) gardés en
stock depuis l’adoption du pistolet automatique SIG 2022 (SIG Pro). Les polices municipales pourront un peu en bénéficier, mais
à condition de ne pas utiliser les bonnes munitions. Pas de 357 Magnum. On
garde le 38 Spécial, précis mais moins puissant. Un d’entre eux m’a décrit le mouvement du dégainé avec les
phases de procédure correspondantes : « Là
je suis convoqué chez le Procureur, là j’ai un rappel à la loi, là je suis mis
en examen, là… j’aime mieux ne pas y penser... » Quand aux armes longues, on va peut-être en garder un peu
moins en armurerie et en avoir un peu plus dans les voitures de service, et pas
uniquement celles des « unités d’élite ». Car le policier « de
premier échelon » le plus proche des citoyens en péril n’est généralement
pas affecté au RAID ou au GIGN. C’est celui-là qui doit pouvoir faire face en
premier, et il a malheureusement peu de moyens. Au mieux une arme de poing et
un gilet pare-balle pour protéger des tirs d’armes de poing. Là encore je manque de place pour en parler, mais quand on
promet de l’écrire il faut tenir parole. On peut toujours
rêver ou imaginer mieux. Il y a quelques temps j’étais dans une réunion à coté d’un
Policier féminin. Jolie, intelligente et sympathique (« Qu’est-elle allée faire dans la Police ? » me
disait un Gendarme…) et nous écoutions le discours républicain d’une femme
politique élue sur les « efforts à faire ». J’ai du dire un mot sur
l’imperméabilité des populations laborieuses à la rhétorique (laborieuse elle
aussi) pour maintenir l’attention de ma voisine, et elle m’a répondu : « Ce qu’elle a
aux pieds et sur les fesses représente plus d’un mois de mon salaire. Elle fait
quoi au juste comme efforts, en dehors de nous demander d’en faire ? »
Je cherche une réponse convaincante… Liberté – Egalité –
Fraternité : Rien de tel qu’une femme pour vous parler d’une autre
femme. C’est vrai que nous avions une « République des
lettres » , que nous avons eu une « République des camarades »,
et les deux avec des valeurs un peu différentes. Maintenant nous avons une
« république du fric » avec une seule valeur, la valeur monétaire. Tout ce qui n’est pas
coté en bourse, a peu ou prou cessé d’exister. Après avoir tapé sur toutes les religions, et en corollaire
logique après avoir réduit la morale à une amusette pour benêts dans les cours
de récréation, la valeur de référence est devenue le cash. Erreur
stratégique : La religion (une religion) est devenue motif de violence radicale,
et dans un pays laïc nous ne pouvons guère trouver que la morale républicaine
pour combattre cette violence et ce radicalisme. Encore faut-il que ses défenseurs y croient, a défaut
d’avoir la Foi. C’est le gros problème avec l’argent, il n’achète pas tout,
et certainement pas le courage. L’honneur donne du
courage… On peut mourir pour l’honneur. Mais il n’a pas de prix. La logique de l’honneur (http://www.codani.info/Honneur.html
) est bien connue. Quand on revient aux fondamentaux, personne ne va « mourir pour la City ». En revanche le tiers-monde presque entier aimerait bien
aller y vivre. J’avais fini le précédent article en évoquant les migrants.
Il est donc un peu logique qu’avant de bifurquer sur la voie du logement social
je reparte de là. Certains d’entre vous m’ont fait observer que je restais
bien vague sur une catégorie de migrants particulière, celle du
« Djihad » aller et/ou retour. Je vais tout de suite expliquer mon laconisme. Comme
beaucoup de gens (pas tous) je parle mieux de ce que je sais, que de ce que
j’entends à la radio ou que je vois à la télévision. Là où je travaille, nous avons – indirectement – été
confrontés au phénomène. Il y a eu des cas, rapportés par la presse quotidienne
locale, et parfois nationale. Mais rien que j’aie vu de mes yeux ou entendu de
mes oreilles, sauf un (brillant) colloque de l’Université de Nice auquel j’ai
été convié une ou deux fois, et qui m’a permis de rencontrer l’excellent Xavier
RAUFER, dont j’ai depuis commenté un livre dans la page bibliothèque de mon
petit site. Xavier RAUFER a explicité largement son point de vue sur la
dangerosité très relative de ceux qui partent réellement à l’étranger pour
combattre suivant leurs convictions religieuses. Il rejoint en cela un certain nombre de militaires et
anciens militaires qui expliquent posément (comme maintenant la campagne de
lutte contre ces départs le fait ressortir) que ces « débutants »
sont placés systématiquement en première ligne. Leurs chances de vie ou de survie, sur un champ de bataille
réel, sont en réalité minimales. Les groupes de combat constitués ne survivent qu’ainsi, en
envoyant le « nouveau » là où c’est le plus dangereux. S’il survit
assez longtemps pour voir arriver un nouveau « nouveau » il est
sauvé. Sinon, « si il meurt, il meurt », et on demande un
« nouveau » pour le remplacer. Et pendant ce temps les anciens
survivent. Certains groupes d’anciens préfèrent même rester en sous-effectif plutôt
que devoir « initier » de nouveaux membres en raison des risques
(bruit, exposition aux vues, tirs fratricides…) que ces nouvelles recrues font
courir à l’ensemble du groupe de « vétérans ». Ces réflexions ont été bien suivies par le colonel (ER)
Michel GOYA dans « la voie de l’épée ». Le feu tue, la
guerre tue. Et pour reprendre la phrase célèbre du Général PATTON : « Le but n’est pas de mourir pour votre
pays, mais de faire en sorte que le salaud d’en face meure pour le sien ». Ce principe n’a pas de religion. Les Islamistes l’appliquent
de nos jours autant que les Américains. Ceux qui survivent à ce traitement de choc - en restant en
vie physiquement mais aussi psychiquement - vont avoir droit à quelques uns des
« privilèges » qui ont été promis aux candidats. Outre leur place (à venir) au Paradis, avec un ticket dans
la file d’attente pour des vierges de légende, ils auront plus matériellement
de quoi vivre décemment, et la possibilité d’un foyer. Trois options
existent pour ces hommes: La mort, la désertion, la survie. En dehors de la peine que cela occasionne aux familles, les
morts n’impactent pas la France. Les déserteurs ont généralement bien vu l’horreur de ce qui
se passait, et il n’y a pas d’exemple connu de déserteurs qui aient voulu
recommencer, même sur le sol (moins dangereux) de France. Les survivants sont « là-bas » et ils y restent.
Soit au combat, soit installés dans un pays et avec quelqu’un(e) partageant
leurs convictions religieuses et surtout bénéficiant du prestige statutaire lié
à la qualité d’ancien combattant. Dont bien évidemment ils ne pourraient
bénéficier en France. Surtout vu la considération
« protocolaire » accordée à nos vrais combattants en France. Passons… En vérité, je partage bien volontiers l’avis de Monsieur
RAUFER : Ceux qui posent problème ce sont les « recalés du Djihad ». Ceux qui n’ont jamais dépassé le cap du camp d’entraînement,
et encore, quand il y sont allés. Une image qui serait comique si ce n’était pathétique en est
donnée au travers du film « We are four lions » dont
l’humour britannique ne peut totalement effacer la tragédie de ces parcours. Mais somme toute, c’est un nombre limité de personnes qui
est concerné. « L’esprit du 11 janvier » nous dit qu’il faut combattre les départs au
Djihad. Je n’en suis pas tant convaincu. C’est l’idéologie voire la théologie
qui sous-tend ces départs qu’il faut combattre. Concernant les partants,
dommage pour eux puisque l’on sait que très peu en reviendront, mais ils ne
constituent pas une vraie menace pour nos intérêts vitaux en métropole. L’importation en
hommes et en idéologie ou théologie, est bien plus nocive que l’exportation. Face à ce que l’on doit bien considérer comme une
« déferlante » constante de ces dernières années notre argumentaire
montre assez vite ses limites. Le 6 mars 2015,
une réunion interministérielle a eu lieu sous l’égide du premier ministre
français. Une page (hélas
une seule sur 63, la page 5) prouve que nos autorités connaissent les failles. Le reste (62 pages sur 63, hélas) c’est du discours. De quoi parle, entre autres, cette page
d’introduction ? : « La République
est devenue souvent une illusion ». « Etre comme
assigné à son lieu de résidence ; se sentir bloqué, entravé dans ses
projets ». « A ce malaise
social s’ajoute un malaise démocratique » « Il y a plus
largement une crise de la représentation, qui touche tous les corps
intermédiaires » « C’est aussi une
société qui se divise » « Les trafics, la
délinquance, l’économie souterraine » « Ce sont les
signaux incontestable que quelque chose ne va plus » « Beaucoup, à
tort ou à raison, ont le sentiment que ce sont toujours les mêmes qui sont
protégés et toujours les mêmes qui sont montrés du doigt, qui subissent sans
pouvoir rien dire ». Egalité et citoyenneté : la République en actes
6 mars 2015. Page 5. Dès la page 6
c’est du vent... Mauvaise
médecine : On connaît les symptômes, on refuse de nommer la maladie, on
refuse les remèdes. « On » c’est ni plus ni moins que notre
gouvernement, sans aucune connotation politicienne. Ce n’est pas une question
de couleur politique, mais de courage politique. Le courage, ça ne
s’achète pas sur les marchés financiers. Petit miracle que d’avoir mis sur une page quelques
vérités ? Non. Astuce de communication. Les premières pages sont celles que l’on lit en premier.
Souvent on ne va pas au fond du document. Or c’est là que sont programmées un
grand nombre de mesures parfois liberticides, trop pour les commenter en détail
ici. La « loi renseignement »
en fait partie en dépit de ses « bonnes » idées. Ce texte controversé ne faisant jamais que
« régulariser » des pratiques intrusives bien connues. Cet « esprit du 11 janvier » est donc très
clairement « récupéré » dès le 6 mars 2015. Ce n’est pas bien nouveau. Dans la même veine et pour donner
le ton, voire pour influencer, on pouvait lire 48 heures plus tôt (le 4 mars
2015) un communiqué de l’IRDSU (Inter Réseau des professionnels du
Développement Social Urbain) qui dictait l’orientation : « Renforcer la politique de la ville pour lutter contre
les ségrégations sociales et urbaines. » Tout ou presque est dans le titre. Là on arrive à un haut niveau de récupération de l’émotion
publique. « Le 11 janvier
au service de votre budget » ou « Le
11 janvier au secours de vos emplois » en somme. Cette introduction n’est que la partie immergée d’un iceberg
que l’on retrouvera facilement dans les pages du rapport 2014 de l’ONZUS,
Observatoire National des Zones Urbaines Sensibles. Un rapport sans lien avec janvier 2015 puisqu’il traite de
faits allant de 2013 à 2014, mais dans lequel existe un chapitre consacré à
« Sécurité et tranquillité publique » avec deux sections : -
Sentiment d’insécurité en ZUS (page 75) -
Les faits constatés par les services de police
et de gendarmerie en ZUS en 2013 Les rapports de l’ONZUS ne sont ni des secrets ni des mystères.
Ce sont des rapports publics que l’on ne lit pas, ou pas assez. Tout comme les enquêtes « Permanentes sur les
Conditions de Vie » de l’INSEE il y a dix ans. Des enquêtes « PCV »
qui depuis 2007 se nomment « Cadre de vie et sécurité ». En 2014 cette enquête a été menée auprès de 15.700 ménages
en France. Idem pour les faits constatés en ZUS par la police et la
gendarmerie : « L’état 4001 »
le public l’ignore. Il gagne pourtant (en dépit de ses limites) à être connu,
depuis… 1974. Pour rester sobre, ce rapport est une des nombreuses preuves
écrites que les problèmes sont bien connus, depuis longtemps. Bien connus, et
volontairement mal analysés. D’abord pour économiser les moyens, ensuite pour
satisfaire des sympathies idéologiques, enfin par intérêt électoral. Et ce n’est là ni « de droite » ni « de
gauche ». On passe en revanche sous silence ce qui dérange, et qui
pourtant touche bien plus fortement les intérêts vitaux de la France, même
quand c’est à l’étranger. Un silence relatif se fait quand certains viennent souligner
que les démantèlements d’appareils sécuritaires de pays voisins de l’Europe
reviennent à ouvrir les portes au crime organisé. On l’a vu en Libye, on l’a vu aussi en Tunisie où le récent « massacre du Bardo » ayant touché des touristes n’a pu être occulté aussi bien que la fusillade de Kumanovo (près de 30 morts tout de même ces derniers jours) en Ex-République Yougoslave de Macédoine. Certes ce sont des fusillades, mais ce n’est pas lié au
« 11 janvier » alors, pourquoi en parler ? Et pourtant…
Quand des gouvernements de pays amis, comme la Belgique,
vont tenir des conférences de presse (« La
Belgique n’est pas le pays du lait et du miel » le 13 mars 2015) dans
des pays qui servent de point de départ ou de transit comme le Kosovo en mars
dernier, cela devrait nous alerter. Les Balkans (qui ne sont pas liés au 11 janvier) devraient
redevenir une vraie préoccupation en raison du véritable exode qui les frappe
depuis le début 2015. En février ce sont des milliers de migrants (50.000, dont
6.000 enfants) qui ont fui d’un pays réputé maintenant en paix. Heureusement pour la France ils ont fui en Allemagne… mais
c’est se rassurer à courte vue. Dans l’Union Européenne nous sommes tous
solidaires d’une façon ou d’une autre. Quand cette solidarité est remise en question ce n’est
jamais bénéfique, que ce soit par action ou par omission. Dans le cas du Kosovo, la France pèche par omission. La Grèce, elle, se prépare fermement à pécher par action
puisque sont envisagés la fermeture des centres de rétention. Par
« humanité » ou faute de moyens. Dette Grecque oblige. Une mesure qui concerne – excusez du peu – 70.000 personnes,
sans parler des 200.000 à 250.000 de la « 2e génération »
à qui il serait question de donner la nationalité Grecque, et donc la liberté
de circulation en Europe. 300.000
arrivants « de plus » ou « de mieux », suivant les
points de vue. Une façon de faire prendre conscience de cette solidarité. « Et tant mieux si, parmi ces migrants
se trouvent des djihadistes de l’Etat islamique » a déclaré Panos
KAMMENOS le nouveau ministre Grec de la défense. Depuis, il paraît que les
allemands sont plus aimables sur le paiement de la dette… Auto centrés sur « le Djihad » et le « 11
janvier » des pays comme la France et l’Allemagne ne réalisent peut être
plus qu’il y a des menaces tout aussi sérieuses aux portes mêmes de nos
maisons. Des menaces « non djihadistes » entretenues par le crime,
car extrêmement rentables. Europol estime
qu’un passage en Europe se fait payer actuellement 2.800 Euros par personne ou 7.000 Euros pour une (petite) famille. 2.800 x 300.000
= ? Complices ou « idiots utiles » il est vrai qu’une
partie de nos compatriotes contribuent à l’essor de cette industrie criminelle
par humanisme. Certains vont même plus loin, et par idéologie ont abdiqué
totalement toute idée de défense. Ici où là on insulte publiquement les autorités françaises
dont on fustige « l’indécence » en agitant l’image du
« ghetto » et en demandant la construction de… « maisons de
Migrants ! » Non, là nous ne rêvons pas : - Nous n’avons pas assez de logements sociaux pour les
habitants en situation régulière en France. - Nous n’avons pas assez d’argent pour tout l’entretien
régulier du parc social existant. Et il faudrait – gratuitement, bien entendu – construire des
« maisons de Migrants » ! C’est en ligne sur Médiapart, et les références sont en fin
du présent article : « Jusqu’au
bout de l’indécence » est le titre. Le mieux c’est de le lire pour vérifier ce que j’écris. En particulier la conclusion : « Si les
autorités avaient l’intention d’être efficaces et cohérentes, ça se
saurait » … « Si les
politiques pensaient à autre chose qu’à leur plan de carrière et leur
nombril : ça se saurait ». C’est signé Séverine MAYER, ce n’est pas moi qui l’ai écrit. Cet « esprit du 11 janvier »
provoque bien des réactions depuis quatre mois. Au départ trois mots : Apartheid, Sentinelle, Djihad. A l’arrivée des contrastes frappants entre la mémoire, les
bonnes intentions, l’aveuglement, la récupération, et la manipulation. Gardons en mémoire
ces gens, parfois simples citoyens « au mauvais endroit au mauvais
moment » qui sont tombés sous les coups de trois assassins en janvier
2015. Les morts méritent que l’on se souvienne d’eux, surtout ceux
qui ne se sont pas illustrés en jetant dans la fange leurs contemporains. Ceux qui – au contraire – servaient leurs concitoyens
méritent notre respect. Mais ne tombons pas
dans le panneau : Le monde dans lequel nous vivons ne se résume pas à trois
assassins. Les menaces qui nous cernent sont autres que trois rafales
de fusil. Mémoire oui, il en faut. Aveuglement, il vaudrait mieux éviter. Quand à la récupération, au terme de ces quelques pages,
ceux qui ont écrit ont bien voulu m ‘expliquer à quel point ils n’étaient
pas dupes. Les Français ne sont pas des imbéciles : « ça se saurait… » En tous cas, après avoir lu ce message – sans omettre les
références – vous ne pourrez plus dire : « Nous ne savions pas ». Cet « esprit du 11 janvier » existe-t-il ? Certainement chez les « républicains zombies », et,
pour masquer leurs manœuvres, chez un certain nombre de « spin
doctors 2015 » à la française. On peut en douter, certes, car le masque tombe vite, M.
Emmanuel TODD le souligne récemment. Mais, comme Blaise PASCAL en 1670, nous devrions prendre le
pari que oui. Nous n’avons que l’argent de nos impôts à perdre et beaucoup
à y gagner en cohésion sociale. Pari d’ami.
Références complémentaires (+ de 15 textes lus depuis la parution de
l’article « Esprit ») Ordre (+ ou -)
chronologique ; des articles très pertinents sont aussi mentionnés en bas
de liste. Quartiers sensibles
(témoignage) 20 ans d’entreprise en milieu difficile Livre signé Alain MEINARDI, paru aux Editions GILETTA /
Nice-Matin à Nice en mars 2015 Distribué par la Librairie Jean JAURES à Nice : http://www.librairiejeanjaures.com/
Evénements de janvier 2015 : Renforcer la
politique de la ville Pour lutter contre les ségrégations sociales et urbaines Communiqué signé IRDSU, Inter Réseau des professionnels du
Développement Social Urbain paru le 4 mars 2015 ( www.irdsu.net
) ou via http://i.ville.gouv.fr/ Egalité et
citoyenneté : La République en actes Réunion interministérielle du 6 mars 2015 Communiqué des services du Premier Ministre de la République
Française ( www.gouvernement.fr ) Disponible aussi là : http://www.ville.gouv.fr/?egalite-et-citoyennete-la,3813
ou via http://i.ville.gouv.fr/
en téléchargement du document PDF. Exode au
Kosovo : « La Belgique n’est pas le pays du lait et du miel » Article repris des actualités albanophones en Suisse ( www.albininfo.ch ) traduit et mis en ligne
par « Le courrier des Balkans » ( http://balkans.courriers.info/ ) le 13 mars 2015 Voir également dans le même dossier (accès réservé aux
abonnés) : Kosovo : le flux
de migrants inquiète l’Allemagne mis en ligne le 21 février 2015 Kosovo : des
milliers d’Albanais arrêtés à la frontière serbo-hongroise, en ligne le 9
février 2015 « National security is more important than
individual will » (« Shut up, be happy », Ice-T) Article signé Abou DJAFFAR (pseudonyme sans rapport avec
l’Algérien, qui est décédé) paru le 18 mars 2015 sur le blog « Terrorisme,
guérilla et autres activités humaines » hébergé par « Le Monde » http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/2015/03/18/cest-sans-danger/
Loi
renseignement : la France veut rattraper son retard sur la NSA Article de Jérôme HOURDEAUX (réservé abonnés) publié le 19
mars 2015 sur le site de MEDIAPART Massacre du Bardo: une conséquence du démantèlement de
l'appareil sécuritaire tunisien Article de Bernard LUGAN réservé aux abonnés du mensuel
« L’Afrique réelle » communiqué par messagerie électronique le 21
mars 2015. http://bernardlugan.blogspot.fr/p/lafrique-reelle.html
Le gouvernement grec
réoriente radicalement sa politique migratoire Article de Amélie POINSSOT et Carine FOUTEAU publié le 22
mars 2015 sur le site de MEDIAPART (réservé aux abonnés) : http://www.mediapart.fr/journal/international/220315/la-grece-reoriente-sa-politique-migratoire
Libre opinion de Sylvain FORT : Budget des
armées ; contre la culture du thermostat Article de Sylvain FORT paru le 24 mars 2015 sur le site www.asafrance.fr Libre opinion du général d’armée (2S) Jean-Marie
FAUGERE : VIGIPIRATE :
questionnement légitime sur le rôle des armées ? Article de Jean-Marie FAUGERE paru le 26 mars 2015 sur le
site www.asafrance.fr BRAS DE FER en vue
entre Bercy et la Défense au sujet du financement de l’opération Sentinelle Article de Laurent LAIGNEAU paru le 26 mars 2015 sur le site
OPEX360 http://www.opex360.com/ Visible également sur le site de l’ASAF : Les sentinelles sont
de retour Article du colonel (ER) Michel GOYA paru le 27 mars 2015 sur
son blog « La voie de l’épée ». http://lavoiedelepee.blogspot.com/2015/03/les-sentinelles-sont-de-retour.html Jusqu’au bout de
l’indécence Article de Séverine MAYER paru le 31 mars 2015 sur le site
MEDIAPART (accès totalement libre) : http://blogs.mediapart.fr/blog/severine-mayer/310315/jusquau-bout-de-lindecence
Les policiers se
disent stressés et épuisés Article paru dans le quotidien régional Nice-Matin (édition
papier) le 31 mars 2015. Qui est Charlie ? Essai sociologique d’ Emmanuel TODD, paru le 7 mai 2015 aux
éditions Le Seuil, à Paris. http://www.codani.info/Bibliotheque.html (durant le mois
de mai 2015, puis en archives du site) Rapport 2014
ONZUS
Observatoire National des Zones Urbaines Sensibles. http://www.onzus.fr Rapport annuel 2014;
Pages 75 et 83. Téléchargement du rapport complet: http://www.ville.gouv.fr/IMG/pdf/onzus_rapport_2014.pdf
Téléchargement de la synthèse : http://www.ville.gouv.fr/IMG/pdf/onzus_synthese_2014.pdf
We are four lions (2010) Film satirique britannique traitant (avec l’humour des mêmes
îles) du cas des “recalés du Jihad”. Fiche Wikipedia: http://fr.wikipedia.org/wiki/We_Are_Four_Lions Bande-annonce: http://www.dailymotion.com/video/xd4i70_we-are-four-lions-bande-annonce-vos_shortfilms
Film complet (VF) en streaming (Attention aux piratages
et aux virus): http://streamcomplet.com/we-are-four-lions
Le pari de Blaise
PASCAL (1670): http://fr.wikipedia.org/wiki/Pari_de_Pascal
« Vous avez deux choses à
perdre: le vrai et le bien, et deux choses à engager: votre raison et votre
volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses
à fuir: l'erreur et la misère. Votre raison n'est pas plus blessée, en
choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un
point vidé. Mais votre béatitude? Pesons le gain et la perte, en prenant croix
que Dieu est. Estimons ces deux cas: si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous
perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter. » Nota Bene : Je ne peux pas mentionner tout le monde, et je le regrette. Merci aux auteurs
des blogs qui m’ont donné leur accord pour que je les cite. Merci à ceux qui
m’ont signalé les articles. Merci à ceux dont
les messages ont été de véritables petits articles. Je rappelle que
j’exerce une mission de service public qui m’impose – même hors service, même
si je ne fais quasiment jamais de référence explicite à mon employeur
publiquement – une certaine neutralité ou une neutralité certaine. Je dois toujours respecter une obligation de réserve et une
obligation de discrétion professionnelle. Ce n’est pas facile quand on traite des sujets irritants
et/ou parfois passionnants, mais c’est nécessaire. J’essaie de rédiger dans cet
« esprit » là. Merci de le
comprendre. En revanche, en messagerie privée nous pouvons (pour le moment ???) écrire ce que
nous voulons. J’espère que cela durera le plus longtemps possible. Cette liberté ne s’use que quand on ne s’en sert pas…
A Nice, ce 15 mai 2015.
N.B.: Une copie (non illustrée) de ce document figure sur mon blog MEDIAPART. La version PDF de ce document est téléchargeable en ligne sur Médiapart à cette adresse: http://www.mediapart.fr/files/Pascal.pdf Le précédent article reste téléchargeable sur Médiapart à cette adresse: http://www.mediapart.fr/files/Esprit.pdf Copyright (c) 2005 - 2015 Didier Codani. Tous droits réservés. |
|||
|
|