Origine topographique locale
Pour mémoire, existe dans les environs de Quenza
un ruisseau Codi (fort prisé des kayakeurs en saison
d'eau vive) qui se jette dans le Rizzanese, et
un hameau Codi (20153).
Il semble que le ruisseau tire son nom de celui du
hameau, et le hameau du pluriel de Coda (voir origine
étymologique plus bas) mais sans aucun lien établi avec
la famille Codani. Aucun Codani domicilié à Codi, d'ailleurs.
En tous cas au point où j'en suis des recherches, il
y a des pistes nettement plus sérieuses. Donc je le
mentionne d'entrée, mais pour l'écarter, jusqu'à preuve
contraire.
Origine historique.
Extrait de l'Encyclopédie méthodique
(Diderot et d'Alembert). Géographie ancienne. Tome
3, par Monsieur Mentelle, page 319. Ouvrage consultable
à la Bibliothèque Nationale de France et via Gallica:
http://gallica.bnf.fr/
En l'état de mes recherches, les mentions habituelles
des noms de famille n'apparaissent réellement en France
qu'aux alentours du XVIe siècle. Pour le nom de Codani
on en trouve mention comme existant plus de cent ans avant Jésus-Christ,
dans les écrits de Pline l'ancien,
.
C'est effectivement à mon sens l'origine la plus
sérieuse et de loin la plus étayée d'éléments
historiques prouvés.
Les Codani, étaient les habitants de l'île de
Codania ou Codanonia
(Cf. "Carte
du monde connu" de Pomponius
MELA , sur les bords du détroit Codani et près du
golfe Codanus depuis plus de cent ans avant Jésus -
Christ. C'était
une tribu constitutive des Teutons, dont
le nom est plus connu au XXIe siècle, et des Cimbres
qui occupaient l'actuel Jutland (Danemark "continental" actuel).
C'est une tribu scandinave descendue très probablement
de ce qui constitue la Suède actuelle pour bénéficier
d'un meilleur climat comme l'indique l'histoire du Danemark.
Ils révéraient assez probablement, dans leur culte
solaire, un équivalent du
dieu Týr.
Dieu à la fois juriste et guerrier, dont la rune
se
retrouve assez régulièrement, mais bien plus tard.
Ce n'est pas sans incidence sur leur destin.
N.B.: Les
runes, sont de
création post-chrétienne, à une époque (IIIe siècle
après J.-C) où les Codani étaient partis de la Codania
Insula depuis plus de 300 ans. Aucune rune
n'a certainement été tracée par un Codani, et l'origine
légendaire des Codani indiquée
dans le Gylfaginning
n'a été rédigée dans l’Edda
par le poête Islandais Snorri STURLUSON qu'au
XIIIe siècle après Jésus-Christ. Plus de 1.300 ans
après la fin de la domination Teutonne sur la Codania Insula.
Les Codani restent en arrière-plan de tout ce qui
concerne les Teutons et les Cimbres, jusqu'à leur migration
suivante vers le Sud de l'Europe en -120 avant
Jésus-Christ, qui est connue sous le nom de "Guerre
des Cimbres" où leurs vertus guerrières allaient
leur permettre d'entrer dans l'histoire en défaisant
à deux reprises et à plates coutures les Légions Romaines,
sept ans plus tard lors de la bataille
de Noreia (en Norique, actuelle Autriche) en
-113, puis huit ans plus tard lors de la bataille
d'Arausio en -105 (Orange, en France actuelle)
où la défaite de la République Romaine sera encore plus
terrible avec 84.000 Romains tués. Ils ne seront pas
impliqués dans la bataille d'Agen en -107 où
la défaite des Romains sera due à leurs alliés les Helvètes
(Tigurins) de DIVICO et les Ambrons. Les
Tigurins se retireront ensuite de l'alliance. On
retrouvera DIVICO face à Jules CESAR en -58.
Les Helvètes seront battus à la bataille de Bibracte
cette même année, et repoussés dans la Suisse actuelle.
"Les Romains passant
sous le joug"
Le chef des Helvètes,
DIVICO à gauche avec le glaive
Une autre édition de l'Encyclopédie de d'ALEMBERT
publiée chez YVERDON en 1775 retrouvée récemment et
téléchargeable en ligne comme ouvrage ancien numérisé
par Google, donne plus de détails dans son volume 40
(Tome XL) page 562:
Cette version confirme et précise la précédente en
citant Jakob Karl Spener
(Jacques-Charles Spener 1684 - 1730). Spener
mentionne à deux reprises au moins les Codani,
aux pages 16 (Codanonia insula) 19
(Codani) et 42 (Codani sinus) de son ouvrage
"Notitia
Germaniae antiquae et partim mediae" dans
des notes de bas de page assez intéressantes, sachant
que l'ouvrage
est intégralement en latin.
Dans les cartes jointes un fort agrandissement fait
bien voir la mentions "Codanonia Insula"
et l'implantation des Teutons sur l'île de Seeland actuelle,
comme indiqué en Français par "l'Encyclopédie"
au volume 40
(Tome XL) page 562.
Pithéas
de Marseille (dit aussi Pythéas) est un explorateur
Grec fort connu du IVe siècle avant Jésus-Christ. Son
ouvrage majeur, dont on ne connait que le nom "
De l'Océan" a malheureusement disparu.
En revanche
des retranscriptions de son exploration de l'atlantique
Nord subsistent. Elle aurait eu lieu entre -325 et -300
avant Jésus-Christ.
Comme il mentionne déjà le nom des Teutons, ceci
nous permet de dire (et d'écrire) que le nom des Codani
qui était antérieur remonterait donc à plus de trois
siècles avant J-C. Autant dire "à la nuit des temps",
puisque - sauf erreur de ma part - il n'y a rien de
précis connu à ce jour sur cette terre, avant la relation
qu'en fait Pythéas de Marseille.
Il n'y a ceci dit, AUCUN lien direct entre les Codani ou les
Teutons de cette époque et les Teutons de L’ordre de la Maison de Sainte-Marie-des-Teutoniques (Ordo Domus Sanctæ Mariæ Teutonicorum), plus connu sous le nom d’Ordre des Chevaliers teutoniques (Deutscher Ritterorden ou Deutschritter-Orden), d’Ordre Teutonique ou de maison des chevaliers de l'hôpital de Sainte-Marie-des-Teutoniques à Jérusalem (Haus der Ritter des Hospitals Sankt Marien der Deutschen zu Jerusalem) dont
la création remonte à la troisième croisade en 1191, soit près de 1300
ans plus tard.
N.B.: La Croix de Fer est un symbole de croix,
noir avec un contour blanc ou argent, qui remonte aux Croisades en Terre Sainte.
Il a été créé après
1219, lorsque le Royaume de Jérusalem a accordé l'Ordre Teutonique le
droit de combiner la croix noire Teutonique placée au-dessus d'une croix
d'argent de Jérusalem En outre à son retour des Croisades
en Terre Sainte, l'Ordre Teutonique a été essentiellement
basé en Prusse Orientale, ce qui est fort éloigné de
l'implantation originelle du peuple Teuton ou des Cimbres.
C'est de cette implantation prusienne forte qu'est resté
l'idée des Teutons "Allemands", la Prusse
ayant été à l'origine de la création de l'Empire Allemand
et de l'Allemagne actuelle. Mais rien de tel n'existait
cent ans avant Jesus-Christ.
Il faut toutefois relever, avec beaucoup
de modestie et en toute humilité, que si ces chevaliers
ont entendu prendre le nom de "Teutonique",
ce n'est pas par hasard, mais certainement en raison
de la gloire qu'évoquait l'épopée - connue - des Teutons
et des Cimbres, et donc en hommage aux qualités de nos ancètres
face aux Légions Romaines.
Une autre explication, encore plus humble
et modeste, est venue. Les Codani auraient pris ce
nom de Teutons en hommage à leur Dieu THEUT ou THEUS
(c'est en tous cas ce qu'écrit d'Alembert dans son Encyclopédie.
Cf. supra) et ce nom restera dans le lieu de Teutoburg
(ou Teutberg) où s'est déroulée la célèbre bataille
qui défit les légions romaines en 6 ou 9 après J-C. devenant
un lieu de mémoire exceptionnel pour toute l'Allemagne
des XIXe et XXe siècles jusqu'à nos jours, avec la construction
d'un monument commémoratif (1875) à la gloire du chef
de la coalition des tribus, Hermann, que les Romains
nomment Arminius.
Le choix du nom des "Chevaliers
Teutoniques" aurait donc pu été dicté par la
volonté de rattacher tous ces épisodes glorieux de l'antiquité
germanique à la gloire de Dieu. THEUT vu comme "Theos"
en grec, ce qui veut dire Dieu. Une façon aussi de récupérer
un paganisme ancien au profit miitaire de la Chrétienté.
Cette hypothèse reste à vérifier, avec
l'aide - si possible - de l'Ordre
actuel, qui subsiste en Autriche; C'est crédible.
Ce n'est pas si extraordinaire, quand on sait que
la symbolique religieuse des populations scandinaves
pré-chrétiennes se rapportait essentiellement au culte
solaire, symbolisé par des croix solaires que l'on retrouve
dans des gravures
rupestres scandinaves de -6000 à -500 avant Jésus-Christ,
puis des rouelles
antiques.
Sans véritable lien avec, bien plus tard (600 après
Jésus-Christ soit plus de mille ans), les croix
celtiques d'Irlande et d'Angleterre, mais exploitées
dès 300 après Jésus-Christ pour diffuser la foi Chrétienne
en Europe.
Sans entrer dans des détails héraldiques
qui prendraient bien trop de place, c'est ce qui explique
que chez les Chrétiens la croix latine ne soit pas le
symbole unique, et que différentes formes de croix
sont acceptées. Y compris la croix dite "pattée"
qui est la plus proche de la rouelle. Cette croix que
les médias du XXe siècle ont tenté de lier à la seule
armée Allemande quand elle était de fer noir bordé d'argent, garde
du XXe au XXIe siècle sa force et sa foi d'origine,
son port continu et continué par différents Papes en
atteste.
Saint Jean-Paul II
(à gauche) et l'actuel Pape François (en 2015) portant
la croix noire pattée.
En Italie, de nombreuses décorations militaires gardent
encore cette symbolique où la croix pattée (toujours
elle) se retrouve cerclée par les lauriers de la victoire.
C'est le cas notamment de la "Croce commemorativa per missione militare
di pace" remise en Afghanistan, Bosnie,
Irak, Kosovo, Liban, par exemple.
Croce commemorativa
per missione militare di pace (Verso)
Le culte solaire primitif dont les grandes
fêtes seront reprises par les plus grandes fêtes Catholiques
(Noël / Solstice d'hiver par exemple) disparaitra peu
à peu et la croix
de la crucifixion du Christ, comme celle des ordres
Croisés après les Croisades, supplantera largement le
symbole
du poisson,
signe de ralliement originel des premiers
Chrétiens ( car en grec "poisson" s'écrit : IXΘYΣ, ou ichthus, acronyme dont les
lettres constituent les premières lettres de Iêsous Christos Theou Uios
Sôtêr, c’est-à-dire Jésus Christ, de Dieu le Fils (Fils de Dieu),
Sauveur.) à partir du 4e siècle +300 après Jésus-Christ.
Cette utilisation préférentielle de la croix comme
symbole majeur de la Chrétienté persiste bien qu'il
y ait ponctuellement (2015) de rares retours du poisson...
mais cette fois sur la croix.
Le Pape François à
Lampedusa (Italie) en avril 2015
De même manière
l'ordre Teutonique reprends les références aux premiers
Teutons et l'Allemagne naissante reprendra les références
aux Teutons jusqu'à en faire un symbole national alors
que les Danois, ( dont la légitimité chronologique du
peuple des Danes
pourrait être contestée par les Cimbres, Teutons et Ambrons),
se gardent bien de valoriser les Teutons d'origine dans leur mémoire
collective, laissant largement leur nom et leur parcours aux seuls
historiens. Ils préfèrent valoriser une autre croix,
celle du drapeau "Dannebrog"
dont la légende dit qu'il serait tombé du ciel le 15
juin 1219 pour donner la victoire aux Danois.
L'île de Codania n'est autre que l'actuel Sealand,
où se trouve la capitale du Danemark, Copenhague.
Note Wikipedia:
"Dans la mythologie nordique, l'île a été créée par la déesse Gefjon après avoir escroqué Gylfi, le roi de Suède, comme dit dans l'histoire de Gylfaginning. Elle a enlevé un morceau de terre de la Suède et l'amena au Danemark, et il est devenu l'île de Sealand. La zone libre a été remplie avec de l'eau et est devenue le lac Mälar1. Toutefois, depuis que les cartes modernes montrent une similitude entre Sealand et le lac suédois Vänern, il est parfois identifié comme le trou laissé par Gefjun."
Comme Gefjon a ensuite épousé Skjöld
le propre fils d'Odin
et qu'ils se sont installés à Lejre
ce
serait exactement là le lieu d'origine de la famille
selon la légende. Accessoirement et modestement,
nous serions donc les descendants directs d'Odin, le plus
puissant des dieux du Panthéon nordique. Ce qui ne gâte
rien... Aller voir à
Lejre, serait un voyage à faire.
Le nom même de Skjold signifie "bouclier"
en vieux Norroit. Le premier Roi légendaire de l'île
de Sealand, et partant, du Danemark, serait donc "le
bouclier d'Odin". [ C'est aussi au XXIe
siècle une classe de patrouilleur remarquable
vendu par la France (DCNS)
à la Marine de guerre en Norvège.] Ce nom n'est pas
un hasard...
Dans la Saga des Skjöldungar, Skjöld
est celui de ses fils à qui Odin
a donné le Royaume du Danemark, ou en tous cas son équivalent
antique. Ce serait le premier Roi légendaire du Danemark. C'est confirmé dans
la Ynglinga saga. Mais
attention, c'est une origine légendaire, rédigée au
XIIIe siècle après J.-C.
Les Codani auraient en tous cas été historiquement les premiers
habitants connus de cette partie du Danemark, le détroit
Codani étant précisément le passage entre la mer du
Nord et la Baltique, face à Copenhague, entre le Danemark
et la Suède, qui forme depuis 2007 les régions de Sjælland
et Hovedstaden.
Là encore, il ne faut pas confondre les Codani, les
Cimbres et les Teutons avec les Danes ou autres Vikings.
La fondation du Royaume de Danemark en tant que tel
remontant à 980 après Jésus-Christ (un millier
d'années plus tard), les Codani ne sont pas des Danois.
Ils sont des Codani. Ils étaient là, avant. Mille
ans avant. Les Danois sont des Danes,
et ils sont venus là bien après le départ des Codani.
Plusieurs documents en attestent dans les collections
de la Bibliothèque Nationale de France.
On trouve aussi mention du "Sinus Codani"
dans un manuel de navigation de Nicolas Wimmann datant
de 1550, archivé par la Bibliothèque Electronique Suisse
de Bâle (documents rares):
Copie de la page 9 "Description
de la navigation des mers Arctiques et Baltiques"
visible sur http://www.e-rara.ch/doi/10.3931/e-rara-301
On trouve encore
mention du nom de Codani en raison du lieu, alors qu'il
n'y a plus un seul Codani sur place depuis des siècles.
Voir (en agrandissant)
le nom "Codanus sinus" tout en haut de la
carte.
C'est le cas
en 1677 lors des victoires navales du Danemark contre
la Suède à Oland, Langerland et Kjoge. La médaille commémorative
qui a été frappée à cette occasion porte au verso le
nom de Codani par les mots en latin "Sic Codani
turbas conciliasse iuvat". La bataille ayant
eu lieu pour le contrôle du détroit entre la mer du
Nord et la Baltique.
Médaille
conservée par le British National Maritime Museum de
Greenwich. Visible à l'adresse http://collections.rmg.co.uk/collections/objects/37778.html
Une
carte américaine de 1849 (Ancient Germania - New York, Harper and Brothers)
nomme toujours le détroit comme "Codanus sinus"
(haut de la carte) mais ne mentionne plus que les CIMBRES
dans la portion continentale du Danemark..
Pline
l'ancien a décrit le mouvement qui conduisit les Cimbres
et les Teutons à quitter leurs territoires aux environs
de -120 avant JC pour descendre au Sud du Danube ravager
la République Romaine, Rome ayant été près de succomber à
cette occasion.
Le
dieu Tyr en pleine action, main droite en moins, mais
bon
pied, bon oeuil...
L'invasion
durera près de 20 ans. Finalement les Teutons seront
défaits en 102 avant JC à Pourrières, près d'Aix-en-Provence
(Aquae Sextiae) en France actuelle, et les Cimbres en
101 avant JC près de Vercelli (Vercellae) en Italie
actuelle.
L'armée
romaine avait tout de même été vaincue par deux fois
à Noreia et Arausio (Orange). Sans oublier Agen en -107,
face aux Helvètes et aux Ambrons. Elle n'était pas "invincible"
mais au final Marius l'a bien commandée.
Pour
avoir une idée (approximative) de l'ambiance de ces
batailles, voir la vidéo (10 minutes) de la reconstitution
de la bataille de Teutoburg qui eut lieu
environ une centaine d'années plus tard, en 9 après Jésus-Christ.
Pour
ceux qui aiment le "peplum" je place le lien
avec la bataille contre les "Germains" qui
débute le film "Gladiator"
Ce sont les gentils Romains qui gagnent.
On se demande comment, en employant des armes qui n'existaient
pas à l'époque, en faisant charger la cavalerie dans
les bois, en utilisant l'infanterie pour gravir inutilement
un versant boisé... Mais la musique est bien. Les "Germains"
aussi sont bien aimables de venir se faire massacrer
dans un vallon à découvert alors qu'ils étaient si bien
postés en hauteur dans la forêt; mais Il faut dire
que - curieusement - ils n'ont que peu d'archers... Les pauvres...
L'Empire ne pouvait que gagner, vu sous cet angle. C'est
Hollywood...
A
Pourrières et Vercellae, ce fut certainement une toute
autre affaire. Plus de 100.000 morts chaque, ce n'est
pas rien.
Carte
visible sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Cimbres
Autre
carte du même périple, retrouvée chez un historien
Polonais, et que je crois moins simple à lire mais plus
exacte, en fait.
Les
Codani restent, selon toute vraisemblance, les survivants
du peuple Codani massacré lors de ces grandes
batailles, essentiellement Pourrières, et dans ce qui s'ensuivit. Ce
n'est pas le courage qui leur manquait.
Une
petite idée de ce à quoi devaient ressembler Monsieur
et Madame Codani à cette époque troublée...Vision BD pour
les enfants. Madame Codani y est très Manga...
L'historien
Jules
Michelet (1798 - 1874) l'évoque de façon claire dans son "Histoire Romaine" en 1839.
Un jour, un de ces géans du nord vint
jusqu'aux portes du camp, provoquer Marius lui-même. (...) comme le
Teuton insistait, il lui envoya un gladiateur (Michelet, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 158).
Je
l'étudie ceci dit attentivement, nombre de thèses historiques
de l'excellent M. Michelet étant très controversées.
D'une
tribu peuplant à elle seule un territoire plus grand
que la Corse actuelle, après avoir fait trembler la
Rome antique à plusieurs reprises, les Codani, décimés
à Pourrières,.sont
devenu quelques familles éparses entre Aix-en Provence
et Vercelli, probablement réduites en esclavage à Rome.
Le
statut particulier des "Lètes", que certains
auteurs ont évoqué après la défaite des Cimbres à Vercellae
n'est acté de façon certaine que 300 à 400 ans
plus tard (250 - 350 après JC). L'esclavage, lot commun
des barbares vaincus laissés en vie à l'époque, parait
l'issue la plus probable.
Quand
au statut de "peuple fédéré"; les récits que
nous avons des combats d'Acquae Sextiae et Vercellae
ne laissent pas de doute sur la taille résiduelle des
vaincus, qui entre massacre et suicide collectif ( pour
refuser l'esclavage ) n'étaient plus assez nombreux pour
être un "peuple fédéré" dont les statuts,
comme ceux des "Lètes" ne sont véritablement
fixés qu'à partir de 300 après JC, donc 400 ans après
la bataille.
C'est
un peu comme si nous voulions trouver des points communs
entre les combattants français à Marignan (1515) et
dans les tranchées de la 1ère guerre mondiale (1915).
Il y en a certainement, mais vraiment de très loin...
Si
ces documents fixent clairement l'origine antique du
nom des Codani et leur transit de la mer Baltique aux
bords de la mer Méditerranée, ils peinent à nous expliquer
comment nous trouvons des Codani à Quenza un millier
d'années plus tard. J'ai
bien eu au début une idée sur la question, liée à la construction
de la Chapelle Santa Maria de Quenza, un peu avant l'an
mil. Puis une autre sur le "mandat" donné
par le Pape Grégoire VII à l'Evèque de Pise en 1077,
et enfin avec la présence d'un Joseph Codani ( Guiseppu
Godoni - dans la paléo-écriture de l'époque ) comme
Evèque de Sagone à la fin du XVIe siècle.
Mais nous manquons de preuves dans l'implication des
Codani sur la côte occidentale à ce jour.
Le
Diocèse d'Ajaccio a été contacté, à la fois pour confirmer
tout ce qui concerne Monseigneur Guiseppu
Godoni et essayer à partir de là de retracer la
présence des Codani à Sagone. Evêque seul, ou famille
anciennement implantée.
Une
visite sur place s'imposera sans doute en 2015.
Une
autre piste bien plus sérieuse vient des dates mêmes de la colonisation
de la Corse par Rome.
Arrivés
en 225 avant JC les romains vont mettre environ cent
ans pour "conquérir" principalement le littoral
de la Corse. Ce qui nous place en 120 avant JC. Débute
ensuite une présence effective d'environ 600 ans. Principalement
littorale, 10 campagnes militaires successives n'ayant
jamais réellement permis aux romains de tenir l'intérieur
des terres.
Il est
donc réaliste de
penser qu'ils aient pu "déporter" immédiatement
et sans délais en Corse
quelques Teutons, Cimbres, et donc Codani, rescapés de la
"guerre des Cimbres" depuis Acquae Sextiae,
voire depuis Vercellae.
De là à penser que ces
derniers Codani aient "pris le maquis" pour
échapper à l'esclavage, en montant dans
une montagne que "nos ancètres les romains"
n'occupaient pas, il n'y a pas des kilomètres...
C'est
très crédible.
Mettre
des vaincus aux portes de la République (puis de l'Empire) était une pratique
courante. Que les romains l'aient fait pour les Codani
n'a rien d'invraisemblable à l'époque. Surtout sachant
la peur qu'ils en avaient, et que décrivent très bien
les historiens du temps.
Quand
au caractère guerrier et indomptable que les auteurs
reconnaissent à nos ancètres Codani il va dans le même
sens pour expliquer le refus de l'esclavage, et l'entrée
à la première occasion dans une montagne de
Corse où ils ont pu retrouver un statut social plus
à leur mesure
Il
n'aura échappé à personne que le fondateur de la cité antique
de Mariana, au Sud de l'étang de Biguglia (actuellement
Lucciana) est précisément le Consul Marius, vainqueur
des Teutons et des Cimbres qui est nommé en Corse et
qui y arrive juste quelques années après sa victoire.
Il
est ensuite un fait connu que près d'un tiers des terres
cultivables ont été attribuées aux colons romains et à
l'initiative du Consul Marius, dans le Sud-Est de l'île,
où se trouvent quelques sites d'implantation romaine
connus.
Le
plus important et célèbre d'entre eux est sans conteste
Piantarella, où arrive la voie romaine qui relie à Aléria
et Mariana. Mais existent aussi comme actifs à l'époque
Portus Syracusanus (actuellement Porto-Vecchio), Figari,
et même... Lévie.
Une
visite cet été 2013 au musée archéologique de Corse
permet de penser que ce site mineur de Lévie pourrait
avoir été le point d'entrée des Codani dans l'Alta Rocca.
Mieux que Porto-Vecchio, dont "A Pian d'Avretu"
a été maintes fois décimé à cette époque antique.
La
chronologie des implantations (Aléria, Mariana, Piantarella,
Portus Syracusanus, Figari, Lévie) milite également
dans ce sens, du plus près au plus loin; et au plus
"récent" par rapport à nous.
Les
études récentes menées sur le hameau de l'Ospédale prouvent
que c'est bien de l'Alta Rocca et non de la plaine Porto-Vecchiaise
située pourtant plus près (moins de 20 kilomètres à
vol d'oiseau), que le lien avec Porto-Vecchio repartira,
l'Eglise de Ospédale ayant été datée comme existant
en tant qu'hermitage juste au sortir de l'an mil,
près de cinq siècles avant qu'une tentative de refondation
de Porto-Vecchio ne soit notée, vers 1540 après
Jesus-Christ.
Tout
concorde...
C'est
bien plus crédible qu'une arrivée à la fin de l'empire
Romain dans les bagages des Vandales (dont je vois mal
- au passage - en quoi ou pourquoi ils se seraient encombrés
des Codani qu'ils auraient pu rencontrer sur leur route)
six cent ans plus tard de 456 à 536 après JC environ,
avant de se faire botter les fesses et bouter hors de
Corse par l'Empereur Byzantin Justinien 1er.
Il faudrait, là encore, des preuves écrites. Sachez
que je ne désespère pas d'en trouver. Je cherche...
et c'est en assez bonne voie. A ce jour (2015) c'est
presque certain. Cette "déportation" est
des plus logique. L'évasion aussi.
Origine étymologique.
L'origine étymologique est infiniment plus facile
à déterminer. Il suffit d'ouvrir un dictionnaire
Corse-Français (encore faut-il en avoir l'idée, je vous
le concède) pour apprendre que le nom est passé de longue
date dans la langue courante, et que Codanu (Codani
au pluriel) désigne celui (ceux) qui a une touffe blanche
au bout de la queue.
D'où effectivement une théorie des armes parlantes
qui explique assez facilement la concession d'armoiries
qu'a pu faire en 1736 le Roi Théodore avec une paire
de renards.
Vous l'aurez compris, je ne me contente pas de l'origine
étymologique. La notabilité de la famille a pu compter
(Cf. Giuseppu
Godoni, Evêque de Sagone jusqu'en 1606).
Théodore de Neuhoff, Roi de Corse, lui-même
d'origine germanique, ne pouvait ignorer le nom de Codani
qui était encore en usage en Europe du Nord au siècle
précédent. Sa culture, et son éducation, lui permettaient
d'en connaître l'histoire, et ce n'est probablement
pas un accident s'il a honoré de cette façon notre
famille.
Comme ce n'est pas un hasard si l'Ordre Hospitalier
de Sainte Marie de Jérusalem a pris le nom d’Ordre Teutonique ou de maison des chevaliers de l'hôpital de Sainte-Marie-des-Teutoniques à Jérusalem (Haus der Ritter des Hospitals Sankt Marien der Deutschen zu Jerusalem)
en 1191. Bien que ce soit 1191 + 102 = 1293 ans après
la bataille de Pourrières où les Teutons furent historiquement
anéantis.
La réputation des Teutons était entrée dans
l'histoire, elle n'en est plus ressortie.
Il est en revanche très vraisemblable que c'est juste
un hasard heureux
qui a fait que ce nom de Codani trouve un sens dans
notre langue Corse, surtout compte tenu des déformations
et altérations propres à la formation de l'écriture
et des noms de famille, qui vont pratiquement disparaitre
jusqu'à la Renaissance.
Venus de Scandinavie à l'âge du fer et en étant
repartis bien avant que les
Saxons ou les Danes (les Danois actuels) ne peuplent
l'endroit, comme l'histoire du Danemark le précise, le nom de Codani a probablement juste eu la bonne
fortune d'avoir un sens latin qui permette sa traduction
ultérieure en Corse.
En revanche je ne crois pas que
ce soit par pur hasard que ce nom se retrouve honoré 18
siècles plus tard en 1736,
par un Roi venu lui aussi du froid, dans la vallée du Rizzanese.
Un ouvrage collectif "grand public"
comme "Les noms de famille de la Corse"
paru en 2009 aux éditions Archives et Culture ne mentionne
le nom de Codani qu'en marge de la page 64 pour dire
lapidairement: "Codani vient du corse cauda,
queue, d'où une infinité d'interprétations".
Plus fouillé et documenté, "La légende des
noms de famille, appellations d'origine Corse"
de Jean Chiorboli, paru chez Albiana en 2012 n'entre
pas dans une vision aussi restreinte.
Noté en page 260, le nom de Codani est relevé comme
"moyennement fréquent en Corse" avec le 983e
rang, soit 2,16% des noms corses. L'auteur note qu'il
est présent sur les communes de Quenza et Porto-Vecchio
essentiellement, et absent d'Italie. Il le situe comme
correspondant au toponyme de Lumio, en Haute Corse.
Bien que le lien avec Lumio me paraisse curieux (il
serait intéressant d'en discuter à l'occasion avec Jean
Chiorboli) le travail qu'il a effectué ne contredit
pas l'origine historique que je soutiens.
Jean Chiorboli relève fort à propos les travaux du
regrette Fernand Ettori, et tout particulièrement son
article de 1990 "Des noms de baptême aux
noms de famille, anthroponymie et société dans la communauté
de Quenza au XVIIe sièvle et au XVIIIe" paru
chez La Marge dans les Etudes Corses n°33.
Quenza, n'est là qu'un berceau.
Nous connaissons ensuite
au travers du pastoralisme les raisons de l'arrivée
ultérieure sur Porto-Vecchio, puis les liens avec la communauté
des familles portovecchiaises, et enfin les raisons
de l'installation d'un hameau d'estivage, près d'un
point d'eau, dans un renfoncement, angle mort d'un terrain
le mettant à l'abri du vent : un Agnarone.
Quand à notre parent Joseph du 16e siècle, Curé devenu
Evêque de Sagone, je n'ai appris son existence passée
que tout récemment et presque par accident. C'est cependant
prouvé, mais il fallait chercher, avec le bon accent.
L'histoire reste à écrire, ce n'est qu'une page
sur Internet.
Si quelqu'un a mieux, qu'il le dise ou se taise
à jamais...
Je continue à chercher et à écrire, en attendant.
Les recherches faites en août 2013 au musée de
Sartène confirment celles de 2010 au musée de Lévie.
Pour le musée d'Aléria... Visite faite le 15 juillet 2014
.Visite de Pourrières
à faire en 2015. C'est prévu, tout comme Lucciana et Sagone
ensuite.
A moyen terme Lejre
sera probablement obligatoire. Le Danemark actuel peut
réserver de bonnes surprises.
Pour ma part, je trouve déjà assez fabuleux
ce périple des Codani, d'une île de la Baltique à une
île de la Méditerranée en ayant par deux fois failli
faire tomber la République Romaine et changer donc l'histoire
du monde occidental.
Que du nom d'une tribu, puis Rois légendaires
d'un peuple de plus de 200.000 âmes,
nous ne soyons restés qu'une famille;
Que cette famille
ait si bien servi la Chrétienté en Corse, et soit toujours là en Europe occidentale plus de 22 siècles après,
de - 300 à + 2000...
C'est émouvant, c'est déjà beau, c'est même magnifique.
C'est en tous cas mon point de vue. Et je le
partage.
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