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Vous connaissez certainement le site Internet du Ministère de la ville, de la jeunesse et des sports. http://www.ville.gouv.fr/ Sa lecture est souvent difficile, mais parfois on y fait de belles découvertes. Il y a un an, j'avais trouvé ce beau document au titre prometteur: "Pour une réforme radicale de la politique de la ville" C'était accompagné d'un petit slogan en rouge saignant bien gras : "Ca ne se fera pas sans nous". Je m'étais dit qu'il faudrait absolument que je le lise, et je l'avais rangé dans un coin du site, bien au chaud... Et une année est passée. Comme toutes les lectures obligatoires on a toujours mieux à faire, ou presque. Dommage. J'aurai du le lire plus tôt. A peine commencé, le texte intrigue. Rédigé sur les cités, pour les cités, il est écrit dans un français ENArchique totalement hermétique à la plupart des bénéficiaires potentiels. Une très grande dose de jargon technocratique, qui conduit le lecteur moyen à décrocher dès les premières pages. C'était tout de même fort curieux. J'ai compris en faisant l'effort de dépasser la page 10 (l'introduction). Le texte est assez surprenant, mais on était prévenus : "réforme radicale" disait le titre. Pour être certain de bien comprendre, car je fais partie de ces praticiens de la vie en Zone de Sécurité Prioritaire que le rapport nomme "les professionnels" j'ai commencé à relever quelques phrases au fil des pages. Ce sont ces notes - qui ne sont que le reflet de ma liberté d'expression - que je vais vous faire partager au fil du temps car en lisant ce document "hors service" la nuit et durant mes congés, il va me falloir un moment. Tant mieux, cela nous donnera le temps d'en discuter, et - peut-être - de comprendre. Car vous le verrez, la moindre de mes surprises n'a pas été de savoir que tout ceci avait été financé avec nos impôts, par les ministres de la ville successifs. Tout d'abord je vous donne les liens à partir desquels vous pourrez vous aussi télécharger les textes au format PDF afin de vérifier que je n'invente rien et vous faire vous-même une opinion éclairée. Le lien avec la page du site du ministère de la ville concernant particulièrement tout ce qui touche à la politique de la ville se trouve ici : Pour télécharger le document PDF complet (de très loin le plus intéressant) vous pouvez cliquer ici Pour la synthèse, qui lisse bien des aspects de ce beau rapport, cliquez là : Pour ce qui est de lisser, ça lisse bien. Seuls les journalistes d'investigation et les lecteurs un peu curieux s'étonneront de tout ce qui a pu s'effacer entre les deux. Ne manquez pas - si vous êtes élu ou collaborateur d'élu - la page 25 du rapport intégral. Vous y apprendrez à quel point le système électoral auquel nous sommes si bien habitués en occident est peu innovant pour administrer les cités. A la place, est proposé un système nettement plus original (à défaut d'être constitutionnel) : le tirage au sort. Oui, je ne résiste pas à vous citer la phrase de présentation mot pour mot. Elle vaut son pesant de cacahuètes (en sucre) : "Laisser à des inconnus, choisis aléatoirement, le soin de nous représenter ? L'idée n'est pas absurde." Surtout, je vous en prie, ne vous privez pas du plaisir de replacer la phrase dans son contexte. Lisez toute la page 25 et terminez bien la lecture de l'article page 26. C'est magnifique. Vous n'avez pas idée (et moi non plus, sans doute) de "la richesse des propositions qui peuvent être émises" par ce beau système, auquel les auteurs attribuent même la vertu (et ce n'est pas innocent) de permettre de modifier une Constitution. Ils ne manquent pas de citer ce beau pays qu'est l'ISLANDE pour valider leur propos. Faire modifier jusqu'à la Constitution par des gens tirés au sort... Il fallait l'écrire, mais comme l'a écrit Michel AUDIARD avant eux: "...ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait !" A ce jour, 13 septembre 2014, j'en suis resté à la page 15. Le manque d'aspirine me guette. Outre ce bond à la page 25, j'en ai fait un à la page 65 (de 66 à 97 ce sont des annexes) histoire de voir si ça ne finissait pas par "hasta siempre Comandante". Mais non, les influences aseptisées de MAO et de TROTSKY pour "Développer des coformations sur la question de la participation" ont pris le pas sur tout lyrisme. L'orient l'emporte sur l'ambiance sud-américaine. Le Moyen-Orient reste à l'arrière-plan. Petits joueurs... Les ministres changent parfois vite. Le nouveau ministre est Monsieur KANNER. Et à ce jour c'est maintenant Madame EL KHOMRI qui est secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville. C'est elle qui s'est rendue le 7 septembre 2014 à Nantes auprès de la coordination "Ca ne se fera pas sans nous" initiée par le document commenté. Elle s'y est rendue, non pas pour critiquer, mais pour soutenir totalement. Ou alors j'ai mal lu le discours, que vous pourrez télécharger là Bloc-Notes Pour une réforme
radicale de la politique de la ville Notes personnelles à usage de ceux de mes amis qui sont venus lire jusqu'ici. Tous droits réservés. Page 7: Nous avons mis en place un site Internet http://www.missionparticipation.fr :
Il est piraté. Ca commence bien… Page 9 : L’absence flagrante de lieux de débats et d’échange… les
effets désastreux de sa mise en concurrence, de l’institutionnalisation,
parfois de la notabilisation. Quand l’égalité n’est plus qu’un leurre et se retourne en discrimination
et stigmatisation. La question de la laïcité ou de l’islamophobie qui, sans
vrai débat et réponse politique, seront les fractures de demain. Page 10 : Une démarche « d’empowerment » à la française,
c'est-à-dire une démarche qui s’appuierait sur le pouvoir d’agir des citoyens
sur leur capacité d’interpellation et de création et permettrait de renouveler
et de transformer les services publics et les institutions. Page 11 : L’impossibilité pour une partie importante des citoyens de
s’exprimer aux élections du fait de leur condition d’étrangers n’appartenant
pas à la communauté européenne malgré leurs contributions à la société
française (impôts, vie associative, etc). L’escroquerie intellectuelle commence. Un étranger ne
peut - par définition - être citoyen. Page 12 : Le non accès au vote des populations étrangères qui
représentent plus de 30% de la population des quartiers faisant l’objet d’un
dispositif politique de la ville, la fermeture du système politique aux
populations issues de l’immigration et plus généralement le plafond de verre de
la discrimination. Donner un droit de vote aux étrangers est bien le but de
la démarche. 30% ne fait pas une majorité, donc pour valider il faut faire
honte et invoquer la discrimination pour cela. Le terme de « démocratie de proximité » a été
utilisé contre celui de « démocratie participative » pour signifier
le cantonnement de la participation sur la seule échelle micro locale et dans
une dynamique purement consultative. En extrapolant le non-dit, il faudrait donc donner le
droit de vote pour permettre une participation des étrangers à la direction
politique du pays... afin de nous montrer démocrates. Page 13 : Cette polyvocité n’a pas été un obstacle à sa diffusion,
bien au contraire : c’est parce que la notion de participation est
porteuse de nombreuses ambiguïtés qu’elle permet la rencontre au moins
partielle d’approches très diverses. Testé en direct : Phrase complète, extrait de
phrase, contexte, pas de contexte… Personne ne suit. La polyvocité…bien au contraire… la rencontre au moins
partielle… Tous ont décroché !!! Ces mots ont un sens subversif précis pour ceux qui les
ont écrits, incompréhensible en français courant pour ceux qui pourraient les
lire dans une cité. Vous pouvez citer… On ne comprendra pas. Page 14 : Les commentaires des délégués du Préfet à la politique de la
ville Voir en particulier « Quel est le sens de la
participation des habitants sans la mise en place du droit de vote des
étrangers ? » Le masque tombe. Ou encore « Il faut un travail de déconstruction des
a priori des professionnels » Déconstruction : En clair vous ne savez
pas ce qui est bon, vous qui travaillez à temps plein sur le terrain dans les
cités, nous sommes obligés de vous rééduquer pour que vous puissiez penser bien.
La rééducation politique, un procédé si bien connu… De
l’Allemagne de l’Est à la Chine Populaire en passant par le Chili et le
Cambodge. Toutes les grandes démocraties ont pratiqué avec bonheur. Page 15 : L’enjeu est avant tout politique. Il consiste à mobiliser
les citoyens autour de la vie collective et de la vie de la cité, à faire de la
chose politique un enjeu partagé, à faire émerger de nouveaux responsables
politiques et à en diversifier les profils, à réinventer la démocratie. « Réinventer la démocratie ». Que
voilà une belle idée… La dernière fois que ce fut orchestré à grande ampleur
ces démocraties se nommèrent tout naturellement « démocraties
populaires ». La lecture de quelques vieux journaux sur les 70 dernières
années, de 1946 à la fin du XXe siècle en particulier, édifie tous ceux qui
savent lire sur ce que cela a déjà donné, pour la plus grande satisfaction de
tous les peuples concernés en Europe de l’Est. Inconscients de leur bonheur les
heureux bénéficiaires préférèrent souvent l’exil et parfois la mort à la vie
dans ces paradis… artificiels, protégés par cet article bien connu de tous les
commerçants que l’on nomme « le rideau de fer ». En somme on a déjà donné, mais il y a des nostalgiques. Leur programme, que le bon POL POT ne renierait pas, vise
aussi à « faire émerger de nouveaux responsables politiques ». Là
encore, belle idée. Mais le moyen de faire émerger ces nouveaux responsables
gagnerait à être connu. La Birmanie, ravissant pays riche d’une antique culture
que je salue chapeau bas, a elle aussi « fait émerger de nouveaux
responsables politiques ». Tous habillés chez le même tailleur sauf pour
la couleur des épaulettes. Il paraîtrait toutefois que ce n’est pas un franc
succès, localement. Reste à « diversifier les profils ». Là il est
à craindre que ce ne soit pas lié à l’angle de prise de vue des photos
d’identité, et la méthode de « diversification » n’est pas
franchement précisée. Comme actuellement la présentation des candidatures aux
élections locales est tout de même assez libre, comment
« diversifier » si ce qui est fait dans le respect des règles
démocratiques ne convient plus ? La réponse est simple : « Réinventer
la démocratie ». A partir de là, si vous n’avez pas compris, vous
pouvez relire le commentaire depuis le début : « Réinventer la démocratie ». Que
voilà une belle idée… “Timeo Danaos et dona
ferentes” : Je crains les Grecs même ceux apportant des cadeaux.
Loin de moi l’idée de discriminer nos amis venus de Grèce,
ravissant pays riche d’une antique culture que je salue chapeau bas, et par
ailleurs membre de la Communauté Européenne.
Remplaçons Grecs par « Inventeurs de la
démocratie » et nous serons plus près de la vérité.
Après la « dictature du prolétariat » qui est un
peu passée de mode, on remplace les prolétaires par les étrangers. Dans un cas
comme dans l’autre le système politique, même « réinventé » ne
s’annonce guère plaisant. Et ce ne
sont que les quinze premières pages de ce beau rapport… Payé avec l’argent de vos impôts (et des miens aussi, ce que je ne
cesse de déplorer).
A jour au 13 septembre 2014A suivre...Vous pouvez réagir par l'onglet "Contact". Copyright (c) 2005 - 2014 Didier Codani. Tous droits réservés. |