Ce mois-ci sur les étagères...
Qui est Charlie ?
Sociologie d'une crise religieuse.
par Emmanuel TODD
Le Seuil, 7 mai 2015
252 pages en trois mois.
La dernière fois que j'ai commenté un livre pour inciter à ne pas l'acheter, c'était celui d'une dame.
Elle était passée du statut de première à celui de seconde voire troisième dame de France et commentait son temps sur la première marche du podium.
Je ne saurai vous dire si c'était avec ou sans dents, mais elle ne machait pas ses mots, au moins pour un bon moment.
Là, ce n'est pas pareil, mais au nom de la parité, il fallait le faire.
Après "splendeurs et misères des courtisanes" (que BALZAC me pardonne) les courtisans sont à la manoeuvre.
Depuis le sept mai, date stratégique de sortie de l'ouvrage, l'affaire fait grand bruit.
Rien de bien extraordinaire, puisque c'est exactement ce qui a été programmé pour la promotion du bouquin.
Des faits incontestables, une interprétation contestataire, quelques bon mots inconséquents, beaucoup de commentaires, de la radion, de la télé...
Ajoutez la signature d'un sociologue de renom habituellement bien en cour, et vous avez la recette.
Voilà le livre qu'il faut avoir lu pendant les "ponts" du mois de mai.
Vous êtes priés de vous en indigner, voire de vous en insurger (rassurez vous, c'est sur internet et sans danger) tout en reconnaissant le talent de l'auteur.
Je reconnais volontiers un talent à l'auteur, c'est celui de la vitesse d'écriture.
En moins de trois mois (Ligne de départ le 11 janvier 2015) voilà un ouvrage de sociologie populaire écrit, lu, relu, approuvé et imprimé.
L'éditeur (qui en a vu d'autres) ne recule pas et nous indique : "il pose un diagnostic éclairant sur le mal qui ronge les classes moyennes françaises"
Au moins, avec un cœur de cible marketing aussi large, il y aura du lectorat.
Mais y-aurait-il autre chose que du marketing éditorial et de l'argent facile à faire ?
Très franchement, pour l'avoir tout de même parcouru, je crains bien que non.
N'allons pas dire que c'est un ouvrag de commande pure. De circonstance serait plus juste.
C'est peut-être plus du surf que de la sociologie.
L'auteur est déjà connu, les cénacles parisiens l'ont déjà encensé à de nombreuses reprises, et on le croyait ami du pouvoir.
Et là, quelle honte, il nous joue : "Les amis n’aiment pas être fidèles. Ils ont l’impression de perdre leur personnalité. "
Certes c'est un classique (Michel AUDIARD, Le Président, 1961) mais c'est moins bien écrit que quand c'est dit par Jean GABIN.
Pour ne pas vous recopier "Le Figaro" autant le citer un peu car c'est encore le plus simple :
"Le magazine Livres Hebdo et sa base de données bibliographique Electre ont recensé le nombre de livres qui touchent de près ou de loin le sujet
parus ces jours-ci ou à paraître: trente-six!
Mais d'après notre recensement, on se rapproche davantage de quarante titres. Rarement, la république des lettres a travaillé aussi rapidement."
C'est qu'en plus du grain à moudre, il y a du blé à prendre, apparemment.
Alors franchement, ne faisons pas semblant de nous indigner, et ne participons pas à la mascarade.
Même si le choix de l'auteur a permis d'y associer les plus hauts degrés du gouvernement français.
Comment croire ou faire croire qu'en quelques jours naisse une œuvre majeure si caustique, même d'un auteur réputé brillant, qui soit sincère???
Par respect pour d'autres écrits antérieurs de meilleure qualité, je garderai "de circonstance" comme qualificatif de ce bouquin.
C'est bien court ce "petit livre rouge" comme analyse, c'est radical au sens ou Marcel PAGNOL le racontait dans, je crois, "La gloire de mon père".
Ces radicaux qui ressemblent aux radis: "Rouges dehors, blancs dedant, et jamais loin de l'assiette au beurre".
Ajoutons-y un anticléricalisme qui pour être de façade n'en est pas moins blessant avec cette assimilation des catholiques à des "zombies".
Cette association d'idées date de 2013. Eut-elle été récente, on aurait fait un lien avec la dernière série américaine à la mode "The walking dead".
Le Père Gabriel tentant d'échapper à ses anciens fidèles devenus zombies. "The walking dead saison 5" (AMC)
Excellente série de fiction (pour adultes avertis) où paradoxalement la réflexion sociologique semble bien plus présente que dans certains livres récents...
"La parole de Dieu est la seule protection dont j'ai besoin"
Avec des "catholiques zombies" ça peut aider...
Je crois que c'est dommage.
Dommage d'avoir choisi de suivre le flot, là où il valait mieux prendre du recul. Quitte à aller seul en sens opposé.
"The walking dead" saison 1 (AMC). Arrivée du héros, à cheval, dans la ville d'Atlanta déjà aux mains des zombies ( pas très catholiques, ceux-là ).
Tout n'est pas mauvais, mais cette précipitation à polémiquer est comme un acide, qui ronge et corrompt ce qu'il touche.
Il faut que tout le monde vive, les sociologues comme les autres.
Ne boycottons pas, mais ne soyons manipulés que si nous le voulons bien.
J'ai cherché où vous pourriez trouver cet essai, si vraiment vous avez 18 Euros (c'est le prix) à y consacrer.
On peut le trouver là: en ligne.
A Nice dans la Librairie Jean JAURES www.librairiejeanjaures.com , 2 rue centrale, 06300 Nice, par exemple et entre autres.
De préférence, prenez le temps d’aller chez votre libraire.
Je conseille toujours l'achat en librairie, pour garder en vie notre commerce de proximité.
Le temps que vous passerez dans un lieu de culture vivante, vaut plus et mieux que celui que vous perdrez dans la queue,
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Toujours bons à lire 
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