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13 septembre 2015 Migrants et amnésiques. Sic transit gloria mundi (Ainsi passe la gloire
du monde…) Nous voici donc à la fin de l’été, et la rentrée vient de se
finir. Chacun dans son domaine sent bien que c’est le moment de se mettre au
travail si ce n’est déjà fait. Le trimestre que l’on dit le plus long de l’année
car coupé de peu de vacances, va se lancer. C’est aussi celui où il faut briller, celui où il faut –
parfois « in extremis » - trouver de quoi améliorer les chiffres et
les bonnes opinions avant la fin de l’année, pour qu’à défaut de devenir
populaire on passe – au moins – pour un bon gestionnaire. Dans la moyenne
supérieure si c’est trop difficile. C’est vrai en France, et c’est vrai à l’étranger, avec
parfois des effets de dominos proprement stupéfiants. Au moment même où les français entrent (comme chaque année
ou presque) dans une période électorale, l’Allemagne décide avec une générosité
qui pose question, de modifier la donne en matière d’accueil de migrants. C’est
une révolution bien plus réelle que le dernier modèle de tablette ou de
téléphone portable, car le tiers-monde qui a faim va pouvoir légalement venir
croquer la pomme européenne. Ne haussez pas les épaules, ne ricanez pas, car les pommes…
c’est nous ! Pressés d’être sur la photo, inquiets d’être associés –même de
loin – à la photo d’une noyade nos plus éminents décideurs ouvrent à la suite
les portes de notre pays, suivis en cela par une horde de commentateurs
mercenaires. Mercenaires, je n’ai pas d’autre mot. Car là où il manque
tant d’emplois, là où il était impossible d’arriver à « inverser la courbe
du chômage » ils nous expliquent benoitement qu’il y a des emplois… Pour
les réfugiés ! Là où nous savons depuis des années que nous manquons
cruellement de logements l’un des plus fameux journaux en ligne (avec ou sans
abonnement) nous explique qu’il y a des logements. Il y en a plein, ici, là,
disponibles et quasiment gratuits. Ils ont même compté les chambrées des
casernes et des centres de formation professionnelle pour être sûrs de ne pas en
manquer. Le pompon, je l’ai entendu ce matin à la radio ou une
commentatrice en extase (Dieu existe donc au moins à la radio) faisait un
reportage sur… des squatteurs recevant des réfugiés ! Magnifique. Quelle
belle générosité que celle qui se fait avec l’argent des autres en général, et
celle du contribuable français en particulier, surtout sans lui demander son
avis (au contribuable). Heureusement l’électricité du squat n’était pas
coupée (merci EdF) et l’eau courante court sans compter dans les tuyaux. On va
même réparer soi-même l’ascenseur, ce qui suppose que la haute tension marche
aussi. Que le propriétaire des lieux ne s’y trompe pas, en cas d’accident il
sera au banc des accusés. Avec modestie, à ma toute petite échelle, je me suis retourné
vers les premiers « Fil des mois » rédigés il y a bientôt deux ans en
octobre, novembre, décembre 2013. Particulièrement celui de décembre 2013 (http://www.codani.info/2013_Decembre.html
) qui se nommait: « La fin, les
moyens, et la misère du monde. » Votre serviteur écrivait en conclusion : Il y a une
responsabilité qui nous dépasse à cet égard et qui est du niveau des états. Pas UN seul Etat,
toujours le même, la France, grande et généreuse. Plusieurs états, en
Europe, dans le monde, ont la responsabilité de ce que nos concitoyens
subissent. Ce n'est pas être
raciste ou sectaire que de le souligner : pour que ceux qui sont en droit
d'avoir un logement, de l'aide et de l'assistance, puissent en recevoir
dignement, il faut EN AMONT prévenir la dégradation de telles situations, et
cela, ce n'est pas au niveau du policier de base ou de l'agent d'entretien
qu'on peut le faire. C'est bien plus haut. Sans confondre notre humanité,
notre charité, avec de la faiblesse ou de la décadence. Le débat reste
ouvert. "La France ne peut pas recevoir toute la misère du
monde" disait un ancien premier
ministre français. C'est vrai. Mais voilà, la misère est là, et le crime
la suit à la trace. Ne cachons pas la
poussière sous le tapis. Il y en a trop. Merci d'avoir pris le
temps de le lire, et celui d'y penser, entre sapin et cartes de vœux... C’était en ligne sur Internet et vous pouvez le vérifier ça
l’est toujours. Rien n’a changé sauf que certains Etats semblent baisser les
bras. Il faut croire que les autoroutes de l’information étaient en grève ou en
travaux. Deux spécialités bien françaises. Et maintenant nous redécouvrons l’eau
tiède, en attendant la douche froide. Entendons-nous bien. Engagé de longue date, dix ans
maintenant, dans le social le jour et le caritatif la nuit, je ne vais pas
taper sur des malheureux qui n’ont d’autre choix que fuir ou mourir en raison
de leurs opinions politiques, leur race ou leur religion. Oui, je pratique de façon moderne le « Matthieu 25 »
de l’Evangile selon Saint Matthieu du nouveau testament, pour ceux qui
voudraient invoquer le jugement dernier. Mais je ne crois pas qu’ait été là
visé le cas de ceux qui – sciemment – viennent user de leur qualité d’étranger
simplement pour améliorer leur qualité de vie au détriment de ceux qui les reçoivent. Oui, je suis et j’approuve l’humanité et la générosité à l’égard
de ceux qui sincèrement en ont le besoin vital; mais pas à l’égard des
hypocrites pour lesquels notre générosité est vue comme une faiblesse ou une
spéculation en bourse. Sans parler de tous ceux qui se glissent dans le flot
avec pour seule idée de nous poignarder dans le dos, dans nos cités, le moment
venu. Envers tous ceux-là il faut être lucide et vigilants, pour ne pas charger
la barque de véritables parasites, au-delà de toute mesure, jusqu’à ce que nous
coulions tous ensemble. J’ai écouté l’appel de Sa Sainteté le Pape François, et je n’y
ai entendu aucune incitation au suicide collectif. Peut-être ai-je mal écouté ? Parfois je doute, tant la communication sait prendre le pas
sur la sincérité dans les communiqués. Si je n’étais pas certain, par mon engagement caritatif ou
social, de certains fait, de certains chiffres, je pourrais douter. Mais le
combat que je dois mener au quotidien à titre professionnel comme personnel
pour aider nos concitoyens à garder un cadre de vie décent me donne ces
repères. J’accepte volontiers
la question : « en es-tu sûr ? » que m’envoient
certains d’entre vous. Il n’y a que les idiots qui soient sûrs de leur bêtise.
Moi, comme vous, je doute sur certains sujets. Et il y en a d’autres sur lesquels
je crois, avec ou sans chiffres. Car il faut avoir la foi quand on veut aller
au service des autres. Tout n’est pas dans les livres de compte ou les
équations. La foi, ou, moins théologiquement, l’aptitude à « décider dans l’incertitude »,
comme l’écrivait le Général DESPORTES dans un cours célèbre de l’Ecole de
Guerre, c’est nécessaire pour avancer. Un imbécile qui marche va toujours plus
loin qu’un intellectuel assis (celle-là, je vous laisse trouver l’auteur. C’est
dans un taxi du côté de Tobrouk). Ne nous laissons pas en attendant mystifier par des
humanistes surtout intéressés par le score de leur association humanitaire, et
à l’inverse par de grands guerriers du dimanche qui prennent juste la peine de
retirer leur cravate pour nous envoyer guerroyer et mourir pour eux dans les
sables subsahariens hier, et en Syrie demain matin. C’est si facile d’envoyer
des hommes au combat et à la mort quand on n’y est jamais allé, et surtout
quand on est certain de ne jamais y aller soi-même. .. D’autant plus quand
on a toujours utilisé le budget de la défense comme variable d’ajustement pour
d’autres ministères ; au point qu’on ne puisse plus maintenir des équipements
essentiels en service… Je ne m’étendrai pas là-dessus, et pour ceux que cela
intéresse, je me fais une joie de vous renvoyer aux écrits parfois amers et
souvent pleins d’humour d’auteurs plus spécialisés comme Michel GOYA pour les
questions militaires (http://lavoiedelepee.blogspot.com/
) ou Laurent TOUSCHARD pour les
considérations opérationnelles (http://conops-mil.blogspot.com/
) voire Abou DJAFFAR pour les terrorismes, guérillas stratégie et autres
activités humaines (http://aboudjaffar.blog.lemonde.fr/
) . On ne vous les amènera pas « comme sur un plateau »… de
télévision, il faut donc bien donner leur adresse, car si les « experts »
sont foison, les vrais et les bons se méritent. Autre question que j’ai
parfois entendue à ces propos : « Mais
pour qui vous prenez vous ? » ou encore « Mais qui êtes-vous donc ? » La première question, chaque fois que l’on me l’a posée,
venait d’une personne qui - quelle qu’ait
été sa taille physique – était un nain. Un nain intellectuel, terrorisé de voir
qu’il ne parviendrait pas à étouffer le message et qui cherchait désespérément
à disqualifier le messager. Un nain physique peut être une personne géniale, fantastique,
et sympathique. Mais méfiez-vous toujours
des nains intellectuels, car ce sont les
pires. La peur conduit ces gens-là à
toutes les erreurs et à toutes les bassesses. La seule réponse que l’on puisse donner, vous la connaissez,
c’est « tout simplement un être humain ». Mais, vous vous
en doutez, elle ne suffit jamais. C’est généralement là qu’arrive la seconde
question. C’est parfois l’occasion de revenir aux fondamentaux : « Un citoyen Français, jouissant de
ses droits civils et politiques, en particulier de la liberté d’expression dans
le cadre de nos lois. » C’est fou à quelle vitesse les gens oublient les
articles 10 et 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (http://www.legifrance.gouv.fr/Droit-francais/Constitution/Declaration-des-Droits-de-l-Homme-et-du-Citoyen-de-1789
) tout comme le fait qu’ils ont valeur constitutionnelle en France depuis 1958. Alors l’être humain que je suis, simple citoyen Français,
jouissant de ses droits civils et politiques, se demande en écoutant et en
regardant les illusionnistes d’une part, et les faux guerriers d’autre part, quand on voudra bien cesser de nous prendre
pour des imbéciles. Rien que dans mon environnement immédiat il manque 10.000
logements. Une paille. Il faudrait juste doubler le parc de logements sociaux à
des endroits où il n’y a pas de foncier disponible, pour arriver (et pas dans
les 5 minutes, et avec quel argent ?) à construire tant de logements. Pour ce qui concerne l’emploi, la farce est tellement grosse
que même les grosses têtes du Carnaval de Nice ne parviendraient pas à l’avaler.
Pitié. Soutenir les victimes de la guerre et du terrorisme ?
Oui, bien sûr. Je suis entièrement d’accord. En particulier les
Chrétiens d’Orient qui sont véritablement et physiquement martyrisés en ce
moment. Mais pas en les utilisant comme clef pour faire
entrer tous ceux qui veulent piller notre système social, notre culture, et en
un mot notre civilisation. Avant - s’ils y parviennent car nous sommes tout de
même encore vivants - de tenter de nous imposer la leur après avoir mis notre
société en pièces. Vous me direz ce que
vous en pensez ? Je sais être ému devant un mort. J’ai enterré un camarade
cette semaine même. Mais je sais aussi défendre mes droits et ceux des miens
quand quelqu’un voudrait les piétiner. Nous sommes encore assez nombreux à avoir, en toute
modestie, un peu de lucidité et un peu plus de mémoire qu’un poisson rouge dans
un bocal. Restons humains,
restons sereins, et restons fermes sur nos positions. L’automne arrive ;
il n’y a pas que les feuilles mortes qui vont suivre. Didier CODANI Cet article est imprimable au format PDF sur MEDIAPART à
cette adresse : http://www.mediapart.fr/files/20150913_Migrants_et_amnesiques.pdf Article paru sur MEDIAPART à cette adresse :
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